A Inébolu, une petite ville de Turquie au bord de la mer Noire, cinq sœurs orphelines sont élevées par leurs oncle et grand-mère. Devenant de jeunes femmes et découvrant leurs premiers émois amoureux, les cinq sœurs vont voir, au nom d’un dogme machiste, des verrous et des barrières clôturer la propriété familiale.

Ces jeunes femmes, aussi belles les unes que les autres, subissent la morale archaïque érigée par les hommes: dans ce village, seuls la gente masculine a le droit de sortir, d’exprimer un avis, de jouir de la vie. Les femmes, même pour les plus âgées, n’ont d’autre choix que de porter « des robes couleur de merde » qui servent à occulter leur féminité, de s’adonner aux taches ménagères ou de regarder la télévision. Triste épanouissement de femmes où rien que le mot « sexualité » est tabou et où le mariage, même s’il est malheureux, sert à fuir la pesante cellule familiale.

Pour son premier film, la réalisatrice franco-turque Deniz Gamze Ergüven dénonce courageusement la soumission accablante des femmes, le dogme grandissant qui s’immisce perfidement dans nos sociétés. La cinéaste met finement en scène ses cinq actrices, symboles de beauté sauvage, de sexualité et de liberté dans une maison où les rires côtoient les pleurs et les drames.

Avec sa bande son composée par Warren Ellis et sa caméra fougueuse, « Mustang » est un beau cri d’espoir et d’amour des femmes, une ode de l’instruction et de la liberté.