Il y eut le récent téléfilm d’Emmanuelle Bercot, « Mes chères études » (2009) adapté du récit de Laura D. avec Déborah François dans le rôle d’une étudiante qui s’adonne à la prostitution. Puis « Slovenian Girl » (2011) de Damjan Kozole sur le même thème. La réalisatrice polonaise Malgoska Szumowska poursuit dans cette voie avec un film tout aussi cru et déroutant, « Elles ».
Qui sont-elles réellement ces étudiantes? C’est la question que se pose une journaliste, Anne (Juliette Binoche), en menant son enquête auprès de deux jeunes femmes: Charlotte (Anaïs Demoustier) et Alicja (Joanna Kulig).
Par un savant montage et une belle fluidité de la mise en scène, on suit la journée, pas toujours très passionnante, de la journaliste. Confortablement installée au cœur de Paris, son couple se délite. Les flash-backs nous renvoient vers les entretiens qu’Anne a effectués avec Charlotte et Alicja. Qui elles-mêmes renvoient vers les scènes de la vie courante de ces deux étudiantes-prostituées. Réalité ou fantasme d’Anne…?
Le film est dur à supporter: les scènes de sexe, crument filmées, sont dans leur majorité violentes, malgré (parfois) quelques moments de complicité entre les prostituées et les hommes. Les plus belles scènes sont celles d’Anne et les filles, entre fou rire ou lors d’une danse sur « Pass this on » du groupe électro The Knife. Mais un désespoir et un mal-être emportent le film: malgré leurs sourires et leurs belle jeunesse, ces jeunes femmes s’adonnent aux hommes afin de s’extraire de leur milieu, de gravir plus rapidement l’ascenseur social.
Malgré une finesse et une subtilité du propos, la réalisatrice nous assène de quelques clichés sur la situation d’Anne, notamment dans sa vie amoureuse avec son mari (le talentueux et prolifique Louis-Do de Lencquesaing depuis « Le père des mes enfants » ) et ses enfants. Le regard sur la gente masculine est extrême: pas un pour sauver l’autre, sauf peut-être le plus jeune fils d’Anne…
Un film fort et choquant et superbement interprété par un trio de belles actrices, Juliette Binoche en tête, la révélation Joanna Kulig et la décidément très en vue Anaïs Demoustier, après « L’année suivante« , « L’Enfance du mal« , « Belle-Epine » ou « Les Neiges du Kilimandjaro« .
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