Une fois par an, une bande de vieux copains se réunit à la Closerie des Lilas pour y déguster ensemble le pot-au-feu et y renouveler une subside au mystérieux Yoshi (Yoshi Oïda). Cette année-là, avec l’arrivée d’un impétrant (Benoît Poelvoorde) dans ce club fermé de vieux artistes, les « rois de Paris » se déchirent.
Les films d’Edouard Baer sont des plats canailles, tout dans l’excès et la loufoquerie, à déguster sans modération. C’est le cas d’Adieu Paris, hommage à la capitale – comme dans l’excellent Ouvert la nuit (2017) – à l’amitié, aux artistes et aux conviviales brasseries. Dans les vapeurs alcoolisées de ce déjeuner qui vire au jeu de massacre, la bande de « vieux cons » aux cheveux grisonnants s’aiment, s’écharpent et se rabibochent. Nostalgiques, ils le sont certainement lorsqu’ils évoquent leur jeunesse ou bien les grands absents (le générique du début affiche des illustrations des chers disparus, dont le chanteur Christophe).
Pathétiques et touchants, ces vieux messieurs indignes qui aiment plaire avec de bons mots se retrouvent démunis lorsqu’il faut arrêter le cabotinage (les scènes entre Bernard Le Coq et Sigrid Bouaziz sont irrésistibles). Cette belle brochette mêlant acteurs confirmés (les hilarants Pierre Arditi et Daniel Prévost) et une génération de quinquagénaires (Benoît Poelvoorde, François Damien, Edouard Baer) emmène les convives de spectateurs que nous sommes dans la loufoquerie, l’absurde et les derniers pétillements de la vie à l’approche de la mort.
Edouard Baer réunit dans son impertinent déjeuner parisien des pointures (Pierre Arditi, Gérard Depardieu) des acteurs parfois trop rares (Daniel Prévost, Bernard Le Coq, Jackie Berroyer) et le regretté Jean-François Stévenin, récemment à l’affiche des Illusions perdues. Les lumières, ce sont évidemment les femmes, rares mais essentielles: Isabelle Nanty, Léa Drucker, Ludivine Sagnier et la révélation Sigrid Bouaziz.
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