En cette fin du XIXè siècle, Stanislaw Wokulski (Mariusz Dmochowski) fait partie de cette classe émergente de bourgeois enrichis grâce au commerce. D’abord simple commis humilié par les clients d’une brasserie, il ouvre à Varsovie une boutique puis un grand magasin prisé par l’aristocratie. Devenu un riche homme d’affaire, il intègre les milieux aristocrates et tombe sous le charme d’Izabella, la fille d’un aristocrate ruiné.
Le passionnant distributeur Malavida, déjà à l’origine des reprises des Lèvres rouges (1971) de Harry Kümel et de La Beauté des choses (1995) de Bo Widerberg, sort dans une copie restaurée ce film inédit sur les écrans français du cinéaste polonais Wojciech Jerzy Has, auteur du Manuscrit trouvé à Saragosse (1965) et La Clepsydre (1973). La Poupée, adapté du roman de l’écrivain polonais Boleslaw Prus, publié sous la forme de feuilleton entre 1887 et 1889, se situe dans une Pologne humiliée après son insurrection de 1863, qui panse encore les plaies de la sanglante répression des armées du Tsar.
En 1878, le commerce amène une nouvelle classe sociale qui se développe, une bourgeoise commerçante incarnée ici par le colosse au cœur d’argile, Wokulski. Traité de « boutiquier » par l’aristocratie décadente qui ne l’acceptera jamais parmi elle, Wokulski s’éprend de la fille de Tomasz Lecki (Jan Kreczmar).
Œuvre baroque, théâtrale et poétique, La Poupée possède de sublimes travellings où les personnages évoluent tantôt dans les rues miséreuses et jonchées de cadavres d’animaux, tantôt dans les fêtes aristocrates où le champagne coule à flots. Au sein de la médiocrité de la classe aristocrate incarnée par Izabella, visage d’ange au cœur de pierre, l’entêtement amoureux du commerçant le condamnera à sa perte.
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