L’ascension et la chute de Leni Riefenstahl, la cinéaste d’Hitler. Ou comment une jeune femme à la beauté sidérante se met au service de la propagande nazie.

Actrice solaire dans des films de montagne – La Montagne sacrée (Arnold Fanck, 1925) et L’Enfer blanc du Piz Palü (Arnold Fanck et Georg Wilhelm Pabst, 1926) -, Leni Riefenstahl réalise et se met en scène dans La Lumière bleue en 1932. L’ambitieuse jeune femme est rapidement repérée par les dignitaires nazis – dont Joseph Goebbels – pour magnifier l’image du Troisième Reich et de son Führer. Ce seront Le Triomphe de la volonté (1935), portrait à la gloire d’Adolf Hitler, et Les Dieux du stade (1936), monumentale captation des Jeux Olympiques de Berlin et chef d’œuvre technique du cinéma.

Leni Riefenstahl, la lumière et les ombres revient sur la vie de la cinéaste allemande native de Berlin et dont l’exceptionnelle longévité (1902-1903) fait qu’elle passera plus de temps à se défendre et participer à sa réhabilitation, durant la période de l’après-guerre, que de réaliser des films. Si le documentaire d’Andres Veiel interroge la place de l’artiste dans sa collaboration avec le Troisième Reich et ses aveuglements à l’égard de la politique hitlérienne, il montre également le refus de sa génération à accepter ses erreurs.

Instructif, riche de foisonnantes images d’archives – 700 caisses d’archives personnelles que la cinéaste conservait méticuleusement ont permis de récupérer enregistrements et images -, Leni Riefenstahl, la lumière et les ombres est le portrait édifiant d’une pionnière du 7e Art qui a accepté, en toute conscience, de servir le projet nazi. Et de refuser de voir ses meurtres et ses crimes.