Le 13 mai 1900, une salle de spectacle aux abords de place de Clichy est inaugurée : l’Hippodrome de Montmartre. Construit pour l’Exposition Universelle, trois architectes – Duleron, Cambon et Duray – sont à l’œuvre pour la conception de ce bâtiment aux dimensions pharaoniques.

Le Figaro du 15 mai 1900 revient sur l’inauguration qui connaît un grand retentissement chez les Parisiens : « Le nouvel Hippodrome [remplaçant celui du Champs de Mars], un monument d’une très belle tenue architecturale, se dresse Place Clichy, à 5 minutes du boulevard, et on reste confondu devant le résultat qu’ont pu atteindre ses organisateurs (…) Il y a là 7000 places, dont 5000 assises ; et il n’en est pas une d’où l’on ne puisse suivre tout le spectacle, sans en perdre un détail. Le soir de la première, ça été de toutes parts un cri d’admiration, lorsqu’on a vu cet immense vaisseau, décoré avec un luxe et un goût exquis, et la piste dont les proportions (70 mètres de long sur 35 de large, permettent tous les déploiements de mise en scène. On juge des spectacles qui pourront nous être donné dans un tel cadre ; d’ailleurs la direction a tenu à nous montrer, dès le premier soir, le parti qu’on pouvait en tirer ».

Ci-dessus: vue de l’Hippodrome.

Les premiers spectateurs assistent les yeux éblouis aux numéros du premier programme : dix chevaux alezans galopent en liberté, suivi par un spectacle d’acrobates Les Neiss, du dompteur List et enfin d’une pantomime à grand spectacle, Vercingétorix., écrit par Victorin Jasset sur une musique de Justin Clérice qui dirige lui-même l’orchestre. Chaque semaine, les spectacles, tout aussi grandioses les uns que les autres, changent.

Malgré l’importance de la fréquentation, la société d’exploitation rencontre des difficultés qui l’amène rapidement vers la faillite. L’exploitation du site est reprise en 1903 par Franck Bostock, un dompteur de fauves, qui installe son cirque dans la salle de l’Hippodrome. L’artiste entreprend des transformations du site qui arbore désormais l’enseigne « Bostock ». Parmi les multiples artistes qui se produisent sur la scène, Buffalo Bill et son Wild West Coast restent gravées dans les mémoires. Franck Bostock occupe l’Hippodrome jusqu’en 1906.

Ci-dessus: l’Hippodrome repris par le dompteur de fauves Bostock.

Ci-dessus: l’Hippodrome exploité dès 1907 par la Compagnie des Cinémas-Hall.

Le 14 décembre 1907, après plusieurs mois d’inactivité, l’Hippodrome rouvre ses portes avec, pour la première fois, des projections cinématographiques qui vont désormais être intégrées dans les programmes. C’est sous le titre de Festival Populaire de l’Hippodrome que la salle est relancée. L’affiche, très variée, propose des prestations d’artistes issus de l’Opéra ainsi que de l’Opéra-Comique. D’une durée de 3 heures, ce spectacle est soutenu par une grande campagne de publicité : « Tous les soirs le plus grand cinématographe du Monde, organisé par la Compagnie des Cinémas-Hall [qui en a repris l’exploitation], bruits, paroles et chants ».

De 1909 à 1910, l’Hippodrome est transformé en skating rink – une patinoire – avant de retrouver les projections cinématographiques de 1910 à 1911. De nouvelles difficultés financières amènent la mise en vente de l’établissement.

L’Hippodrome repris par Léon Gaumont.

Dans ce quartier de Paris en plein essor – grâce notamment au développement du métropolitain, du tramway et des bus – la Société des Etablissements Gaumont perçoit le potentiel du site de l’Hippodrome pour la construction d’un temple populaire de la cinématographie. C’est le 15 août 1911 que la société à la marguerite rachète le bâtiment, immédiatement baptisé Gaumont-Palace. En moins de six semaines, grâce au concours de son architecte Auguste Bahrmann, l’Hippodrome est transformée en majestueuse une salle de spectacle.

Dans son édition du 7 octobre 1911, la revue Ciné-Journal commente les nombreux avantages du Gaumont-Palace : « La vision de la scène et de l’écran est parfaite pour toutes les places, l’aération est constante (…) et permet aux fumeurs de se livrer à leur plaisir favori sans incommoder leurs voisins (…). Un vaste promenoir circulaire avec buffet central permet de gouter confortablement assis, les joies du spectacle et la saveur des consommations servies (…). De vastes couloirs aboutissant à de multiples escaliers permettent en quelques minutes l’écoulement du public le plus nombreux (…). La cabine de projection est placée en dehors de l’établissement (…), le public peut être absolument garanti qu’aucune chance de sinistre ne peut se produire du fait de la projection cinématographique ».

Le Gaumont Palace est lancé. Il devient rapidement l’un des lieux incontournables de la vie parisienne.

Ci-dessus: la salle du Gaumont-Palace.

Ci-dessus: la salle du Gaumont-Palace.

Ci-dessus: le foyer en 1914.

Le Figaro du 2 octobre revient sur la soirée inaugurale qui a lieu le samedi 30 septembre : « Même au temps des plus heureuses directions, jamais on n’avait vu à l’Hippodrome, une telle affluence pour une première. Devant l’Hippodrome Gaumont-Palace, dont la façade illuminait Paris de clarté, plus de 4000 personnes se virent refuser l’entrée dès 9 heures, bien que la nouvelle salle puisse en contenir le double (…). Le programme d’ouverture répondait à toutes les espérances, films cinématographiques hors pair, beautés photographiques. La représentation du grand film, La Tare, accompagné splendidement par l’orchestre du Maestro P. Fosse, et enfin un défilé d’actualités dont les différentes phases de la catastrophe du Liberté. Et ce fut sur une ovation enthousiaste que se termina le spectacle où l’on put admirer notre nouveau cuirassé le Courbet entrant majestueusement dans les flots ».

De son côté, Le Petit Parisien du 30 septembre évoque l’effort entrepris par la société Gaumont pour offrir au public parisien un spectacle sans égal : « Après avoir accompli le tour de force de construire une salle entière en moins de 6 semaines, la direction de la Société des Etablissements Gaumont se devait en elle-même de donner un programme de début véritablement sensationnel. En dehors des films cinématographiques les plus attrayants et dont la réputation n’est plus à faire du fait seul qu’ils sont signés « Gaumont », on entendra chaque soir les films parlants « Gaumont », directement enregistrés. Parmi les films parlants les plus curieux, nous assisteront à une scène de dressage de lions dont l’enregistrement a dû présenté des difficultés inouïes ». La presse annonce la prochaine vision à l’Hippodrome Gaumont-Palace de « projections en couleurs naturelles », dernières productions des laboratoires Gaumont.

Les serials noirs de la Gaumont.

Entrepreneur de génie, Léon Gaumont investit dans les technologies de l’époque. Son Gaumont-Palace propose ainsi le Chronophone, un procédé-maison permettant la synchronisation entre un disque et le film. Des phonoscènes sont incluses dans le programme lors de scènes d’opérette ou d’opéra, de sketches comique ou dramatique joués par une vedette. On s’interroge aujourd’hui si l’ensemble des spectateurs de cet immense vaisseau pouvait distinctement entendre le son.

Ci-dessus: programme de la semaine du 16 mai 1912.

Ci-dessus: Le Cœur et l’argent de Louis Feuillade à l’affiche la semaine du 25 octobre 1912.

Durant cette première période, les représentations ont lieu tous les soirs à 20h30 avec des matinées le jeudi, le dimanche et les fêtes. Les places affichent des tarifs évoluant de 0,50 à 5 francs en fonction de l’emplacement. Le Gaumont-Palace est bien « le plus grand cinéma du monde » comme le vante son slogan. La salle est entourée d’un vaste promenoir, d’un salon de thé et de plusieurs salles de repos luxueusement aménagées comme le confirment les Archives de Paris. Les conditions de sécurité y sont excellentes, la cabine de projection – d’où part le risque d’incendie – est ainsi construite hors de l’établissement. Les dimensions de la scène en font « la plus vaste salle d’attractions de Paris ». Les Archives de Paris précisent que « l’orchestre, composé de 60 musiciens, est souvent complété de chœurs, et accompagne le spectacle de qualité de ce premier « temple de la Cinématographie », désormais prospère ».

Ci-dessus: Fantômas en 1913.

Ci-dessus: Juve contre Fantômas la semaine du 19 septembre 1913.

Dès le 1er mai 1913, les murs de la capitale se couvrent de multiples affiches, de communiqués, de lettres et de dépêches qui portent la mystérieuse signature de « Fantômas ». Les passants et les lecteurs se questionnent pour connaître ce personnage que la publicité suivante dévoile : « Fantômas est un être insaisissable qui semble avoir voué à la société une haine implacable ! Son passage dans chaque ville laisse traîner un frisson de terreur et d’angoisse… La police elle-même se déclare impuissante ! Cet être fantastique paraît aujourd’hui [le 9 mai 1913] à l’écran du Gaumont-Palace et… pour la première fois… le public pourra le contempler sans crainte ».

C’est au même moment que le Gaumont-Palace annonce dans ses programmes, dès le 5 décembre 1913, les « merveilleuses vues en couleurs naturelles par le Chronochrome Gaumont ». Ce procédé trichrome, mis au point par la Société des Etablissements Gaumont, utilise une caméra à trois objectifs munis chacun d’un filtre vert, rouge et bleu formant, comme le rappelle Vincent Pinel dans Gaumont 90 ans de cinéma aux éditions Ramsay, « simultanément trois images contigües sur un film panchromique ».

Au programme dans les années 1910, on peut voir des courts-métrages avec, entre autres, Léonce réalisé et interprété par Léonce Perret, Zigotto interprété par Larry Semon, Bout de Zan créé par Louis Feuillade et également Onésime interprété par Ernest Bourbon. Pour les longs-métrages à l’affiche, citons Quo vadis ? d’Enrico Guazzoni présenté la semaine du 28 mars 1913 avec des solistes, un chœur et grand orchestre composé de cent musiciens. Le film est repris le 11 juillet 1913 durant 15 jours.

Ci-dessus: Quo vadis ? d’Enrico Guazzoni à l’affiche la semaine du 28 mars 1913.

Ci-dessus: La Voix de la patrie de Léonce Perret à partir du 27 mars 1914.

Ci-dessus: programme du Gaumont-Palace, saison 1913-1914. 

Un autre péplum débarque dans la salle partir du 14 novembre 1913 pour une durée de 15 jours : l’adaptation musicale jouée sur scène par 100 exécutants de Cléopâtre de Charles L. Gaskill avec Helen Gardner dans le rôle-titre. Suivent notamment La Mariquita de Henri Fescourt la semaine du 2 janvier 1914 et, à partir du 27 mars 1914 pour 15 jours, le grand ciné-drame patriotique La Voix de la patrie réalisé par Léonce Perret.

La guerre s’affiche au Gaumont-Palace.

Quand la guerre éclate le 1er août 1914, le Gaumont-Palace est en clôture annuelle depuis le 20 juillet. La réouverture, qui s’effectue pour le premier Noël en temps de guerre, propose le 18 décembre 1914 au soir une soirée de gala au bénéfice du « Noël du soldat » avec à l’affiche le grand film patriotique A la gloire des armées alliées, suivi du cinéma-drame artistique La Gitanilla, de la comédie Cadette ainsi que des actualités et des attractions. Enfin, le chef d’œuvre mettant en scène le plus jeune comique du monde, Bout de Zan veut s’engager de Louis Feuillade est projeté.

Le Petit Parisien du 19 décembre 1914 revient sur la réouverture de la salle : « Dans une apothéose de lumière, superbement parée des couleurs de nos alliés, le Gaumont-Palace ouvrait hier soir ses portes au public. Privé depuis de longs mois de son spectacle favori, le Tout-Paris s’était donné rendez-vous, s’associant de grand cœur à l’œuvre patriotique du Noël du soldat, qui a bénéficié de la recette de la soirée. A l’occasion des fêtes de Noël et du jour de l’an, le Gaumont-Palace donnera deux séries de représentations en matinée et en soirée. Malgré les événements, cette reprise, tant attendue du public, s’annonce dès à présent très brillante ». Il est précisé que la location des billets s’effectue au 4 rue Forest, de 11 à 17 heures ou au téléphone en composant « Marcadet 16-73 ».

Cette année 1915, les productions Gaumont occupent naturellement l’affiche à l’instar du Coffret de Tolède de Louis Feuillade la semaine du 5 février, des Blouses blanches de Léonce Perret le 12 mars ou bien de La Petite Andalouse de Louis Feuillade le 9 avril. Les Actualités Gaumont « au jour le jour » et de nombreuses attractions complètent le programme.

Après une pause estivale du 23 juillet au 9 septembre 1915, le Gaumont-Palace engage à l’occasion de sa réouverture une promotion largement tournée vers les images de guerre : « Ce soir à 8h 15, le magnifique établissement de la place Clichy fera de sa réouverture un véritable gala. Rien n’a été épargné pour cela : choix merveilleux de films inédits et passionnants, orchestre impeccable et enfin et surtout de remarquables films de guerre, véritable journal d’actualités où toutes les phases de la grande lutte se déroulent sur l’écran, montrant une fois encore aux fidèles habitués, que malgré les difficultés actuelles, le Gaumont-Palace saura maintenir sa réputation mondiale ».

Chaque phase de la guerre est montrée, la publicité usant d’un style emphatique pour présenter ces épisodes : « Nos heureux soldats auront ce soir tous les honneurs de l’écran, grâce aux films sensationnels qui nous viennent du front de Champagne. Enregistré par les opérateurs militaires au cours de l’action, les tableaux de cette lutte grandiose se succèdent comme autant de pages de gloire et d’héroïsme. »

Pour la première fois et grâce aux images, les spectateurs peuvent se représenter les conditions dans lesquelles vivent sur le front leurs soldats. Les images sélectionnées mettent davantage en avant le patriotisme que le drame qui se joue dans les tranchées.

Ci-dessus: Les Vampires 5ème épisode, Les Yeux qui fascinent de Louis Feuillade la semaine du 24 mars 1916.

Le 12 novembre 1915, de mystérieuses affiches sont publiées dans la presse et placardées sur les murs de la capitale : « D’où viennent-ils ? Qui sont-ils ? Tout Paris le saura bientôt… » La publicité ajoute « le premier film des Vampires, qui inaugure ce soir une nouvelle série d’aventures mystérieuses, remportera auprès du fidèle public du Gaumont-Palace, le même succès triomphal que la série précédente, relative aux exploits du célèbre Fantômas. Une interprétation hors de pair, une mise en scène particulièrement originale, et l’imprévu constant des situations n’en seront pas les moindres facteurs ».

Ci-dessus: programme du 21 mars 1916.

Ci-dessus: programme du 21 avril 1916.


Ci-dessus: billet de faveur.

Ci-dessus: programme de Noël 1916.

Au même programme que le premier épisode du serial Les Vampires de Louis Feuillade, on trouve plusieurs scènes comiques ainsi que, grâce au Chronochrome Gaumont, une merveilleuse suite de vues en couleurs naturelles prises en Kabylie et dans les monts de l’Atlas. Bien sûr, un film sur la guerre « montrant nos poilus à l’œuvre sur les sommets d’Alsace ainsi que les terribles effets de notre puissante artillerie » y est intégré.

Dès 1917, Le Petit Parisien lance à grand renfort de publicité Judex d’Arthur Bernède. Fort de ce succès, le ciné-roman en 12 épisodes est prévu par la Gaumont qui s’associe au Petit Parisien pour sa sortie le 19 janvier 1917 au Gaumont-Palace. Le journal daté du 21 janvier revient sur cette grande première : « Après tant de films extravagants, Judex, intéressant, émouvant dont les scènes s’élèvent jusqu’à la véritable beauté, s’est révélé moral et sain. L’immense foule qui avait envahi le Gaumont-Palace a particulièrement apprécié le bon goût qui a présidé au choix des cadres naturels, toujours pittoresques, dans lesquels évolue l’action, l’habileté avec laquelle l’intérêt est soutenu en une suite de scènes admirablement agencées qui se terminent, avec la fin du premier épisode, sur un point d’interrogation angoissant ».

Avec ce captivant feuilleton qui incite le public à revenir chaque semaine, l’établissement de la place Clichy voit la foule retrouver les aventures de ses protagonistes, le banquier Favraux, la belle Diana Monti incarnée par l’actrice Musidora ou bien le môme Réglisse. Dans le rôle-titre de Judex, on retrouve René Cresté dont, selon le même article, « la silhouette noire restera ». Revoir ce film plus de cent ans après et grâce à la restauration en 4K d’après le négatif nitrate effectuée par Gaumont en 2022, confirme cette prédiction.

La semaine du 16 octobre 1917, le Gaumont-Palace présente « le grand film patriotique » La Puissance militaire de la France. La publicité précise « qu’à l’heure où l’Allemagne étend sa campagne de perfidie, il ne peut être spectacle plus réconfortant que celui donné par notre admirable armée supportant sans faiblir depuis plus de 40 mois l’effort surhumain d’une lutte effroyable ». Au même programme, la Sociétaire de la Comédie Française, Renée du Minille, met son talent au service du vibrant appel du poète H. André Legrand avec le texte Aux armes! Ce programme accompagné de musiques militaires est interprété par le grand orchestre du Gaumont-Palace composé pour l’occasion de chœurs, de solistes, de tambours et clairons. Des courts métrages et une Actualité « Le Dernier raid des Zeppelin » complètent ce programme.

Charles Chaplin, Mary Pickford, Douglas Fairbanks et les autres.

A la fin des années 1910, de nombreuses vedettes apparaissent sur l’écran du Gaumont-Palace, en particulier Charles Chaplin, Mary Pickford et Douglas Fairbanks, trois acteurs à l’origine de la création le 5 février 1919 du studio United Artists. Charles Chaplin, que la publicité vante comme « l’idole de la foule », est à l’affiche du Gaumont-Palace la semaine du 4 janvier 1918 dans Charlot chef de rayon, celle du 12 avril avec Charlot rentre tard, du 13 septembre avec Charlot et le Comte, du 15 novembre avec Charlot patine ou bien du 17 avril 1919 avec Charlot soldat. Ces courts-métrages, inclus dans un programme complet avec des attractions et un long-métrage, voient le personnage de Charlot devenu suffisamment populaire pour que la publicité l’annonce.

Mary Pickford est quant à elle à l’affiche de Madame Butterfly réalisé par Sidney Olcott la semaine du 3 mai 1918. Suivent Pauvre Petite Fille riche de Maurice Tourneur le 6 septembre 1918, Petit Démon de Marshall Neilan le 11 octobre 1918 ou bien La Bête enchaînée de Cecil B. DeMille le 8 novembre 1918, la même semaine que l’Armistice. Enfin Douglas Fairbanks bénéficie lui aussi de la salle du Gaumont-Palace avec Une Aventure à New York d’Allan Dwan la semaine du 26 juin 1918, Sa revanche de John Emerson celle du 10 janvier 1919 ou bien L’île du salut du même réalisateur le 10 avril 1919.

Alors que d’autres vedettes attirent les foules dans la salle de la place Clichy – citons l’acteur japonais Sessue Hayakawa – la fin de cette décennie est marquée par deux sérials de la Gaumont : les 11 épisodes de La Nouvelle Mission de Judex de Louis Feuillade à partir du 18 janvier 1918 et les 12 épisodes de Tih Minh, du même réalisateur, dès le 7 février 1919.

Ci-dessus: programme du 22 décembre 1918.

Ci-dessus: programme du 10 janvier 1919.

Ci-dessus: début du sérial Tih-Minh la semaine du 7 février 1919.

Ci-dessus: programme du 18 avril 1919.

En cette période d’après-guerre, le public se presse au Gaumont-Palace découvrir Le Défilé de la victoire, un reportage « en couleurs naturelles » à l’affiche dès le 4 décembre 1919. Cette période première période d’exploitation du Gaumont-Palace, marquée par la Grande Guerre et son tragique désastre humain, a vu la salle s’imposer, en particulier grâce aux films patriotiques et aux images revenues du front.

Episode suivant: le Gaumont-Palace: l’ère du muet (1920-1930).

Texte: Thierry Béné.
Documents: Archives de Paris, Gallica BnF et Gaumont.