L’événement cinématographique de cette rentrée 2023 arrive sur les écrans, précédé d’une aura médiatique et, surtout, de la Palme d’Or au dernier Festival de Cannes. Après Sybil (2020), la talentueuse Justine Triet et son scénariste Arthur Harari, réalisateur des brillants Diamant noir (2016) et Onoda (2021), dissèquent la descente aux enfers d’un couple d’écrivains quadragénaires, Sandra Voyter (Sandra Hüller) et Samuel Maleski (Samuel Theis) dans un chalet replié de la Maurienne, en Savoie.
Sous la forme d’un diptyque, la cinéaste pose sa caméra dans le chalet où le couple vit désormais, après quelques années à Londres, avec leur fils Daniel (étonnant Milo Machado Graner). Malvoyant suite à un accident dont on comprendra les origines, le jeune adolescent est l’unique témoin d’un drame à venir. La seconde partie d’Anatomie d’une chute suit le procès intenté à Sandra et la longue analyse d’un couple à la dérive.
D’une précision infaillible et d’une grande inventivité – les champs et contre-champs, les effets sonores, les objets qu’on ne voit pas, etc. – font d’Anatomie d’une chute un grand film de cinéma, brillamment interprété par des comédiens époustouflants, à commencer par Sandra Hüller. L’actrice allemande compose une femme puissante et ambivalente qui partage sa vie avec un écrivain torturé, incarné dans les flash-back par Samuel Theis. Swann Arlaud et l’impressionnant Antoine Reinartz (120 Battements par minute, Robin Campillo, 2017) complètent la galerie de protagonistes qui tentent de comprendre la dégringolade du couple et ses multiples vérités, à défaut d’obtenir la Vérité.
A la fois thriller et film de procès, Anatomie d’une chute est surtout le portrait desepéré d’une femme et d’un homme, qui se sont follement aimé et que la vie rattrape inexorablement.
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