Entré dans la réalisation par le premier et brillant long-métrage Diamant noir en 2016, Arthur Harari – qui est aussi acteur notamment dans Le Lion est mort ce soir (2017) et Sybil (2019) – revient avec un nouveau projet aussi original qu’ambitieux: le portrait d’une poignée de soldats japonais, oubliés sur l’île de Lubang dans les Philippines et qui survit dans la jungle en attendant l’ordre de la cessation du combat et de leur retour vers le pays du Soleil-Levant. Cette attente des « soldats japonais restants » durera 29 ans, de 1945 à 1974.
Cette oeuvre qui passe du film de guerre à une réflexion sur l’attente et la loyauté, qui rappelle le roman de Dino Buzzati Le Désert des Tartares, est impeccablement mise en scène par son réalisateur qui privilégie d’être au cœur de la psychologie de ses personnages, enfermés dans un total déni de croire à la fin de la guerre, et notamment de son héros Hiroo Onoda (interprété par les acteurs Yuya Endo et Kanji Tsuda), soldat frustré d’avoir eu peur de la mort et reconverti dans une étrange armée secrète dirigée par le major Taniguchi (Issei Ogata). Grand film sur la condition humaine, Onoda, 10 000 nuits dans la jungle bénéficie de la belle image de Tom Harari, le frère du réalisateur, et d’un traitement subtil de la narration.
L’extraordinaire aventure humaine du soldat Onoda est magnifiée par des séquences poignantes, en particulier les visions imaginaires du messager venu annoncer la fin du combat.
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