Dans cette nouvelle adaptation d’un écrit de Georges Simenon à quelques mois du Maigret (2022) de Patrice Leconte, le cinéaste presque nonagénaire Jean Becker sollicite de nouveau Gérard Depardieu, qu’il avait dirigé dans La Tête en friche (2010), pour incarner Jules Maugin, un acteur au crépuscule de sa vie.
Le rôle du grand comédien de théâtre fatigué était naturellement destiné à Gérard Depardieu, immense interprète dans ce film troublant inspiré d’un « roman dur » de Simenon paru en 1950 aux Presses de la Cité. Troublant car le spectateur oscille constamment entre l’acteur Gérard Depardieu et le rôle qu’il interprète dans Les Volets verts : lassitude de la vie, excès en tous genres et alcoolisme auto-destructeur.
Sur un scénario de Jean-Loup Dabadie (1938-2020), le cinéaste suit Jules Maugin, un être solitaire et amer qui n’arrive pas à se remettre de son ancienne histoire d’amour avec la comédienne Jeanne Swann (Fanny Ardant), sa partenaire de scène. Lorsque son médecin (Didier Sandre) l’alerte sur la fragilité de sa santé, Maugin joue jusqu’au bout son rôle dans la vie.
Si les retrouvailles entre Fanny Ardant et Gérard Depardieu sont parmi les meilleurs moments du film de Jean Becker, Les Volets verts souffre, malgré la belle image d’Yves Angelo et les décors rétro, d’une mise en scène d’une platitude exaspérante. S’ajoutent quelques rôle secondaires inutiles dans ce film plan-plan et vraiment pas à la hauteur du talent de ses comédiens.
Gérard Depardieu, qui offre une prestation poignante et sensible y est magnifique. Entre douceur et brutalité, l’acteur à la stature gargantuesque ressemble de plus en plus à Harry Baur (1880-1943). Parmi les quelques scènes touchantes du film, on peut retenir l’énoncé, par cœur, du menu du Bœuf sur le toit ainsi que les airs d’Une petite cantate de Barbara, fredonnés par l’acteur du récent Adieu Paris (2022) d’Edouard Baer.
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