Silhouette imposante, voix essoufflée, pétillements dans les yeux : à 73 ans, Gérard Depardieu endosse enfin le costume du célèbre commissaire, né de la plume de Georges Simenon. Si Michel Simon et Jean Gabin en particulier avaient brillamment immortalisé sur la pellicule le locataire du 36 quai des Orfèvres, Gérard Depardieu réussit dans ce nouvel opus à humaniser le personnage, dévoilant ses douleurs enfouies.
Patrice Leconte, qui avait déjà adapté un « roman dur » de Georges Simenon avec Monsieur Hire (1989), a choisi Maigret et la jeune morte publié en 1954 pour raviver le feu du commissaire. Reconstitution soignée, ambiance Art déco, lumières tamisées et personnages complexes : Maigret est fidèle à la psychologie des romans de l’auteur belge qui préfère scruter l’âme des hommes (et des femmes) plutôt que d’adopter à tout prix le genre du thriller.
Autour du colosse Depardieu, trois jeunes femmes sont particulièrement remarquées: l’excellente Mélanie Bernier dans le rôle de l’ambitieuse Jeanine, la jolie Jade Labeste dans celui de Betty et l’étonnante Clara Antoons dans celui de Louise. Quant à Aurore Clément, l’actrice retrouve quarante ans plus tard l’univers de Simenon après son rôle dans Les Fantômes du chapelier (1982) de Claude Chabrol.
On aime cet univers rétro mais nullement passéiste puisqu’il renvoie aux illusions de jeunes gens plein d’espoirs, un thème ô combien d’actualité dans notre monde fragile.
Pour voir ou revoir les Maigret avec Michel Simon – Brelan d’As (1952) d’Henri Verneuil – et Jean Gabin – Maigret tend un piège (1958) et L’Affaire Saint-Fiacre (1959) de Jean Delannoy, Maigret voit rouge (1963) de Gilles Grangier – rendez-vous sur Coin de Mire Cinéma qui propose de superbes coffrets collector en version restaurée.
Ci-dessus: la remarquable Mélanie Bernier face à Gérard Depardieu.
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