Jalil Lespert, vous le connaissez: c’est ce « Petit Lieutenant » du film de Xavier Beauvois (2005) qui déboule dans la police avec naïveté et candeur. Le comédien avait déjà réalisé un premier film « 24 mesures » en 2007. Il nous revient avec ces « Vents Contraires » qui est une adaptation du livre d’Olivier Adam, l’auteur à succès de « Je vais bien, ne t’en fais pas », porté à l’écran par Philippe Lioret. Olivier Adam co-signe d’ailleurs le scénario des « Vents contraires.

Après avoir visionné la (mauvaise) bande-annonce du film, on peut s’attendre à un film larmoyant et plein de pathos. Ce n’est pas le cas. Le film est relativement assez sobre et succinct pour un sujet grave: un père de famille se retire en Bretagne après la disparition mystérieuse de sa femme.

C’est à Saint-Malo que Paul Anderen (Benoît Magimel, excellent), jeune écrivain parisien à succès, refait sa vie, seul avec ses deux enfants. Il connaît bien cette région de France pour avoir vécu une enfance pas toujours gaie à cause d’un père tyrannique. Son frère Alex (Antoine Duléry) y habite toujours et l’aide à se reconstruire. Paul va faire de nouvelles rencontres amicales, amoureuses dans ce nouveau départ: une jeune femme pleine de fraicheur (Marie-Ange Casta), un sympathique bonhomme (Bouli Lanners, le réalisateur du récent et superbe « Les Géants »), un père de famille brisé (Ramzi Bedia), sous l’œil attendri du capitaine de Police (Isabelle Carré).

Oui, le film est plein de bon sentiments, les personnages sont humains et généreux, la Police pas toujours compréhensive autour d’un jeune adulte brisé. Face à cette déferlante d’historiettes, le réalisateur ne se concentre pas assez sur son personnage principal; il y avait pourtant matière à raconter ce parisien sorti de son milieu et torturé par la disparition de sa femme (furtive Audrey Tautou). Cependant, de très belles scènes ponctuent le film de poésie et légèreté.

Le film de Jalil Lespert tient quand même la route grâce en partie au duo des deux frères, Benoît Magimel, à l’âge de la maturité, et le surprenant Antoine Duléry.