Pour ceux qui l’ignoraient, et ils sont à priori nombreux, l’actrice Nicole Garcia a un fils issu d’une union avec le comédien Jean Rochefort. Et il faut dire que Pierre Rochefort, dirigé par sa mère dans son nouveau film de réalisatrice, dégage une très belle présence ici dans ce portrait d’un jeune homme au passé étouffé. Il est l’étonnante révélation de ce « Beau dimanche » qui emmène Baptiste (Pierre Rochefort) et Sandra (Louise Bourgoin), deux jeunes gens paumés, prendre un nouvel envol dans leurs vies respectives.
Ainsi, l’instit s’amourache-t-il de Sandra, la mère d’un de ses élèves. Il faut dire qu’on a envie de prendre sous son aile cette piquante jeune femme déjà éreintée par la vie et les hommes. Ceci va conduire Baptiste à renouer avec sa propre famille, lui le « simple » instituteur issu d’une grande famille bourgeoise, qui a fait un choix de vie aux antipodes de ce que son milieu attendait de lui.
Nicole Garcia aime filmer le sud, elle la native d’Algérie qui s’était déjà servi du décor de la grande bleue dans son précédent long-métrage « Un Balcon sur la mer ». Dans ce nouveau long tourné à Montpellier, Palavas-les-Flots, Villeneuve-les-Maguelone et Nîmes, il est aussi question de souvenirs enfouis qu’on n’a pas envie forcément de déterrer. Sandra est harcelée de dettes alors que Baptiste doit poursuivre sa reconstruction après un drame familial révélé à la fin du film.
La confrontation entre deux classes sociales qui ne se mélangent pas est bien le thème central de la deuxième partie du film Nicole Garcia. La « prolo » Sandra, que les domestiques tutoient d’emblée et Baptiste, issu d’une famille de la grande bourgeoisie provinciale, n’ont pratiquement rien à voir ensemble. Sauf qu’ils sont tous deux écorchés par la vie. C’est ainsi que le retour dans la superbe demeure familiale de Baptiste ne va pas se faire sans heurt. Même avec sa sensibilité de mère, la matriarche de la famille (Dominique Sanda) ne peut envisager pour son fils mène une vie de déclassé. Quant à ses frères et soeur (Déborah François dans un petit rôle), ils ne peuvent comprendre le choix de Baptiste. Parfois un peu au bord de la caricature, les deux mondes, ceux des saisonniers et ceux des nantis sont habilement étudiés.
Louis Bourgoin, après son rôle de nonne sadique dans « La Religieuse » confirme qu’elle est autre chose qu’un beau brun de fille et convainc ici tout à fait. Pierre Rochefort est étonnant de naturel et de retenue. Un mélodrame très réussi.
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