En 1894, le capitaine Alfred Dreyfus est désigné coupable de trahison avec l’ennemi. Cet homme de 35 ans, juif alsacien, se voit condamné au bagne à perpétuité et déporté sur l’île du Diable en Guyane. Pourtant, dans une armée où le climat antisémite règne, le lieutenant-colonel Georges Picquart, nouvellement en charge des services secrets, émet des doutes sur les preuves de culpabilité de Dreyfus, notamment sur les fameux bordeaux bleus.
Le cinéaste octogénaire Roman Polanski revient sur les écrans avec une oeuvre ambitieuse adaptée du roman « D. » (Plon, 2014) de son scénariste Robert Harris, le même qui avait imaginé « The Ghost writer« . L’histoire tragique du capitaine Dreyfus, certes connue de tous les français depuis leurs plus jeune âge, n’a pourtant pas donné naissance à un grand film sur « l’affaire ». C’était sans compter sur le cinéaste de « The Pianist » pour revenir brillamment sur le drame douloureux d’un homme qui, au début du siècle dernier, allait incarner le symbole de l’antisémitisme.
Avec un style très classique, Roman Polanski aborde l’affaire Dreyfus du point de vue de Picquart, un militaire qui plaide non pas la cause antisémite mais se révolte plutôt contre l’injustice d’un accusé qui, accessoirement, est juif. Confronté au silence de sa hiérarchie qui a participé de près ou de loin à une diabolique machination, Picquart, aidé en particulier d’Emile Zola, a gain de cause en obtenant la révision du procès du capitaine Dreyfus.
Tout n’est pas lisse dans le portrait que fait des personnage le cinéaste de « J’Accuse »: Picquart, interprété par Jean Dujardin, n’est franchement pas un humaniste qui s’insurge contre les exactions que subissent les citoyens de confession juive. Ses rapports avec Dreyfus, qui a été son subordonné, sont même distants et froids. Mais le combat pour faire jaillir la vérité anime l’homme qui entretient une relation avec Pauline Monnier (Emmanuelle Seigner).
Entouré d’une galerie d’excellents comédiens, Jean Dujardin livre une nouvelle fois, après l’étonnant « Le Daim » , une grande prestation d’acteur. Roman Polanski signe un thriller passionnant sur une époque qui renvoie indéniablement aux violences faites hier et aujourd’hui aux opprimés, en raison de leurs appartenance religieuse ou leurs sexualités.
Ci-dessus: « J’Accuse » à l’affiche de la salle Le Grand Normandie du cinéma UGC Normandie à Paris.
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