Avant-dernier film d’Ernst Lubitsch, mort en 1947 à l’âge de 55 ans seulement, Cluny Brown, traduit en France par La Folle ingénue, ne possède pas la virtuosité de ses précédents opus comme Haute pègre (1932), Sérénade à Trois (1933) ou encore La Huitième femme de Barbe-Bleue (1938). Bien entendu, Cluny Brown n’est toutefois pas dénué de charme, notamment grâce à l’interprétation de Jennifer Jones et du charismatique Charles Boyer.
A Londres, la pétillante Cluny Brown (Jennifer Jones), orpheline et nièce d’un plombier, est appelée pour déboucher la tuyauterie d’Hilary Ames. A cette occasion, elle rencontre le mystérieux Adam Belinski (Charles Boyer), un écrivain tchèque désargenté qui fuit le nazisme. Les deux protagonistes se retrouvent bientôt à la campagne, dans le manoir de Lord et Lady Carme, où Cluny est embauchée comme domestique.
Comédie qui met en scène un trio amoureux – Cluny, Belinski et l’austère pharmacien Wilson (Richard Haydn) – le récit suit l’itinéraire de la cocasse Cluny, éprise de tuyauterie (!) et, malgré elle, d’émancipation sociale. Inconsciemment féministe, la jeune Cluny essaie de croire aux valeurs traditionnelles incarnées par le fade Wilson avant de tomber dans les bras de Belinski dont on se demande s’il est un faux exilé ou un vrai escroc.
Drôle, ponctué de sous-entendus sexuels – « la plomberie ça me connaît… J’aimerais tant déboucher les joints, bang, bang, bang… J’aimerais tant vous voir en action » – Cluny Brown possède un charme certain et une double lecture. Les aristocrates sont des idiots, les bourgeois grotesques et conventionnels et Cluny, à qui on dit de « rester à sa place », incarne la voix de l’émancipation.
Saluons le travail du distributeur Ciné-Sorbonne qui permet de découvrir cette petite pépite sur le grand écran d’une salle de cinéma.
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