Lorsque Michael Brandon (Gary Cooper), un milliardaire américain en villégiature sur la Côte d’Azur, rencontre l’aristocrate désargentée Nicole de Loiselle (Claudette Colbert), c’est au sujet d’un pyjama. Dans un grand magasin niçois, Michael Brandon provoque un esclandre car il souhaite n’acheter que la veste d’un pyjama, initialement vendue avec son pantalon. La pétillante Nicole arrive à sa rescousse en se procurant le bas du-dit pyjama…

Distribué par Splendor Films, « La Huitième femme de Barbe Bleue » ressort sur les écrans en version restaurée. Le film d’Ernst Lubitsch, qui fête ses 80 ans, n’a ni perdu de son charme, ni de sa pertinence. Un scénario inventif, des dialogues savoureux et une interprétation exquise, c’est le cocktail détonant du maître de la comédie américaine qui s’adjoint pour ce chef d’oeuvre deux co-scénaristes: Charles Brackett et un certain Billy Wilder. C’est avec « Bluebeard’s Eighth Wife » (1938) le début d’une fructueuse collaboration entre ces deux géants de la comédie, nés pour l’un (Lubitsch) en Allemagne et pour le second (Wilder) en Pologne.

Lubitsch brosse le portrait d’un riche américain, sans culture ni élégance, qui achète l’amour des femmes comme s’il achetait des actions en bourse. Mais un petit bout de femme espiègle le fera bientôt tomber dans son propre piège.

Dès les premières scènes du film, avant celle mythique du pyjama, la comédie et les bons mots sont la marque de fabrique de « La Huitième femme de Barbe Bleue » : avant de pousser les portes du grand magasin, il est indiqué que plusieurs langues étrangères sont parlées par les vendeurs et que « l’américain y est compris » ! Lubitsch porte un œil toujours tendre envers ses personnages: Brandon est certes vulgaire mais attachant, Nicole est maligne mais charmante.

Fine, intelligente, hilarante, « La Huitième femme de Barbe Bleue » est une oeuvre délicieuse.