Dans le Londres de l’immédiate après-guerre, Clem Morgan (Trevor Howard), ancien pilote de la Royal Air Force cherche à gagner rapidement de l’argent. Il s’associe avec (Griffith Jones) dans un trafic de marchandises. Mais lorsque que l’ex-militaire découvre que le marché noir sert aussi à la livraison de drogue, il préfère se retirer de l’affaire. C’était sans compter le piège orchestré par son « associé ».
En ressortie en salles dans une version numérique restaurée, le distributeur Solaris propose un petit bijou du film noir produit par Warner Bros., peu connu du grand public. Pourtant, ce film britannique réalisé par Alberto Cavalcanti, un réalisateur franco-brésilien, n’a rien à envier aux productions américaines des années 1940, friandes du genre. Depuis les premières lignes du générique, sur une musique du français Marius-François Gaillard, jusqu’à son dénouement final, Je suis un fugitif utilise avec un brio impressionnant, à un rythme effréné et sur un scénario aux multiples rebondissements, tous les codes du film noir: décors enveloppés de brumes, héros innocent en quête de justice, femme fatale à la chevelure d’or, caïd impitoyablement sanguinaire…
La touche britannique, outre le choix du classieux et flegmatique comédien principal, se manifeste également dans les savoureux dialogues écrits par Noel Langley: malgré la police et la pègre à ses trousses, le fugitif trouve toujours le temps d’une répartie qui fait mouche, le tout avec un savoureux humour noir. Face à lui, Griffith Jones impressionne en mafieux machiavélique et violent, et la belle Sally Gray n’est pas la simple poupée blonde qu’on pourrait croire.
Adapté du roman A Convict Has Escaped de Jackson Budd, bénéficiant d’une réalisation qui a belle allure – ses beaux plans très étudiés rappelant parfois le cinéma expressionniste allemand – Je suis un fugitif se conclut par une mémorable poursuite sur le toit de l’immeuble des pompes funèbres, sur lequel l’enseigne RIP annonce la chute fatale. So British!
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