De retour dans sa ville natale après un long séjour aux Etats-Unis, Ali (Ekin Koç) enseigne la littérature à l’université d’Adana. Marié à Hazar (Hazar Ergüçlü), le quadragénaire est confronté à son père Hamit (Ercan Kesal) soupçonné d’avoir violenté sa femme ce qui aurait causé sa mort. Au même moment, Ali et Hazar cherchent à avoir un enfant.

Co-auteur des Chroniques de Téhéran (2023) avec Ali Asgari, le cinéaste iranien Alireza Khatami a posé sa caméra en Turquie. Indésirable dans son pays d’origine, Alireza Khatami a transposé son thriller familial dans la ville et la campagne turque. Ali évolue ainsi entre son appartement, sa classe de cours et son « jardin », un verger situé dans une vallée entouré de hautes montagnes. C’est ici, dans son refuge, qu’il fera la rencontre de l’énigmatique Reza (Erkan Kolçak Köstendil), sorte de double maléfique. A ce moment du récit, The Things You Kill s’oriente vers le fantastique avec un dédoublement de la personnalité d’Ali, interprété par l’acteur qui joue Reza… Si le procédé est intéressant, il faut un temps pour que le spectateur déstabilisé s’adapte au nouveau comédien.

Alireza Khatami s’immisce au cœur d’une famille de la bourgeoisie turque, régie d’une main de maître par un père écrasant. Seul fils de la fratrie, Ali a justement quitté la cellule familiale pour les Etats-Unis. Désireux de fonder à son tour une famille avec Hazar, une vétérinaire, le quadragénaire est diagnostiqué pour infertilité.

Film sur la transmission et la difficulté de se construire sous le poids de la figure tutélaire du patriarche, The Things You Kill est une fable passionnante sur les liens familiaux et la quête de la vengeance. Si la sublime mise en scène, dépouillée et précise, joue avec les miroirs, les doubles et les intérieurs/extérieurs, le film aurait mérité un rythme largement plus soutenu. Alireza Khatami n’en reste pas moins un grand metteur en scène, à l’instar de Mohammad Rasoulof (Les Graines du figuier sauvage, 2024) ou Maryam Moqadam et Behtash Sanaeeha (Mon gâteau préféré, 2025), que le régime iranien, enfoncé dans son dogme, est incapable de reconnaître.