Téhéran, septembre 2022. Alors qu’Iman (Missagh Zareh) vient d’être fraîchement promu juge d’instruction au tribunal révolutionnaire, des émeutes surviennent dans la capitale. La jeunesse proteste contre le meurtre de Mahsa Amini, une étudiante de 22 ans qui a refusé de porter le hijab. Si Iman et sa femme Najmeh (Soheila Golestani) maintiennent l’ordre dans le foyer, leurs deux filles Rezvan (Mahsa Rostami) et Sana (Setareh Maleki) se rebellent contre leurs parents.
Désormais en exil en Allemagne où il réside, Mohammad Rasoulof a tourné son nouveau film depuis les geôles iraniennes. Le natif de Chiraz a en effet donné les instructions de tournage à son équipe, ce qui confère aux Graines du figuier sauvage une dimension supplémentaire à ce film courageux honni des mollahs.
Durant près de 3 heures, le cinéaste de Un Homme intègre (2017) déroule avec une fluidité remarquable le théâtre de la société iranienne, transposé à l’intérieur d’une famille de Téhéran. Si ce foyer est plutôt privilégié – père fonctionnaire, filles à l’université -, il n’en demeure pas moins que la crise de la société iranienne submerge les familles. Si la dictature islamique est dénoncé, c’est aussi le patriarcat qui est remis en question par les femmes.
Dans un huis clos étouffant qui se déroule dans trois espaces confinés – l’appartement familial, le bureau d’Iman et la maison de famille -, les états psychiques des protagonistes évoluent depuis la sidération jusqu’à la violence, en passant par l’état de peur. Parabole sur l’oppression du régime théocratique, subtilement écrite et mise en scène, Les Graines du figuier sauvage n’est pas s’en rappeler, dans un tout autre genre, le récent Tatami (Zar Amir Ebrahimi et Guy Nattiv) où l’on voyait des sportifs iraniens refuser la soumission de la dictature.
Porté par un impressionnant quatuor d’acteurs, Les Graines du figuier sauvage est une œuvre nécessaire.
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