Le conte de Grimm revisité dans l’Espagne des années 20, sous un soleil écrasant et avec des airs de Flamenco? C’est la surprenante et délirante adaptation que le cinéaste Pablo Berger, pour son deuxième film, livre dans un noir et blanc magnifique et… sans paroles! Rempli de poésie, d’humour et d’ingéniosité: c’est indéniablement un des grands films espagnols du moment.

Sans révéler l’histoire connue de tous, Blanche-Neige s’appelle ici Carmen. Son père, un des plus grands toreros et sa mère danseuse de Flamenco ne sont plus que des souvenirs pour la jeune Carmelita, élevée par sa grand-mère. A l’adolescence, les réminiscences se font sentir et Carmen s’en va accomplir son destin, accompagnée d’une petite troupe de nains…

Pablo Berger est allé au bout de son idée de film: le film a un format carré, est espacé de quelques intertitres et rend hommage aux plus beaux films de genre, dont Freaks de Tod Browning. Accompagné d’une superbe musique d’Alphonso de Vilallonga, Blancanieves rend aussi et surtout hommage au 7ème Art, à la force d’émotion des images.

Pour servir ce conte poétique et cruel, le cinéaste a fait appel à de magnifiques acteurs: la touchante Carmen enfant (Sofia Oria), accompagnée de son irrésistible coq, qui devient une adolescente émerveillée en éclosion (Macarena Garcia), ses parents (Daniel Gimenez-Cacho en toréador déchu), sa grand-mère aimante (Angelina Molina) et surtout la marâtre Encarna, sorte de Cruella sexy (Maribel Verdu, découverte dans « Y tu mama tambien » ).

Sans être aussi déjanté que « Balada Triste », une autre récente pépite du cinéma espagnol, le poétique film de Pablo Berger est tout aussi rythmé et bluffant. Un superbe moment de cinéma.