Noir c’est noir. A Buenos-Aires, un avocat véreux (un « carancho »), de mèche avec les services hospitaliers, rôde autour des familles de victimes d’accidents de la circulation, leur proposant une arnaque à l’assurance. Sa petite affaire juteuse déraille le jour où il s’éprend d’une jolie infirmière…
Le film de Pablo Trapero prend son temps pour s’installer dans un environnement nocturne et morbide: filmé de nuit, dans le service des urgences et sur le bitume des routes accidentées, les visages fatigués et glauques ressortent dans cette ambiance lugubre. Cette installation prend tout son sens lorsqu’un grain de sable dérègle le quotidien des protagonistes: Sosa, l’avocat radié, s’éprend de Lujan, et rêvent ensemble d’un monde meilleur. Jusqu’à la dernière demi-heure, haletante, et digne des meilleurs films noirs, le film tient la route dans ce monde sans espoir. On pense souvent à Martin Scorsese, tant dans la parfaite maîtrise de la réalisation que dans son sujet (trafic, corruption et règlement de comptes). Son film « Bringing out the Dead » (« A tombeau ouvert ») se passait la nuit, à bord d’une ambulance, et le héros tombait dans une spirale infernale…
Le duo d’acteurs Ricardo Darin et Martina Gusman fonctionne parfaitement: yeux bleus, chevelure argenté et visage aquilin pour lui; belle silhouette, visage pâle et creusé pour elle. Ricardo Darin confirme son statut d’acteur essentiel: on l’avait déjà apprécié dans les excellents « Neuf Reines », « El Aura » et « Dans ses yeux ».
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