C’est le retour, après quarante ans d’absence, de l’enfant du pays. Daniel Mantovani (Oscar Martinez) est un écrivain connu et reconnu. Il s’est vu décerné le prestigieux Prix Nobel de Littérature. Mais l’écrivain sexagénaire semble blasé et aigri face à cette notoriété pesante. Surtout, cette décoration sonne à ses yeux le glas de son oeuvre. Depuis cinq ans, il n’a pas écrit une ligne…

Refusant que son nom cautionne toute manifestation ou inauguration culturelles, Daniel Mantovani refuse les invitations. Sauf celle de sa ville natale d’Argentine, Salas, qui lui propose la médaille de citoyen d’honneur.

« Citoyen d’honneur » est certainement la comédie la plus fine et la plus grinçante du moment. Le duo de cinéastes argentins suit le parcours d’un homme en proie aux affres de la création. Superbement interprété par Oscar Martinez, le protagoniste n’est pas, de prime abord, un homme attachant. En outre, ses œuvres à succès se situent dans son village natal qu’il a quitté à jamais et font une description plutôt négative de ses habitants. Lorsque Daniel Mantovani revient parmi les siens, l’accueil de « l’intellectuel » est donc plutôt glacial.

Les cinéastes offrent un film au scénario intelligent doté d’une intrigue qui emmène le spectateur là où il ne s’attend pas. La galerie de personnages est croquée avec cynisme, depuis Antonio (Dady Brieva) l’ami d’enfance, un « péquenot » parvenu et vulgaire qui tyrannise sa femme Irene (Andrea Frigerio) jusqu’au maire peureux et clientéliste.

Seule la littérature est à sauver aux yeux du protagoniste: elle est incarnée par deux jeunes gens: le réceptionniste de l’hôtel, écrivain à ses heures, et Julia la jeune étudiante (superbe Belen Chavanne) férue de l’oeuvre de l’auteur, désireuse de quitter Salas.

« Citoyen d’honneur » est un film qui s’érige contre la bêtise et le repli sur soi.