Elle, c’est Michèle (Isabelle Huppert), une redoutable femme d’affaire, froide et dominatrice. Le jour où un homme s’introduit dans son immeuble particulier, la violente et la viole, Michèle se refuse d’alerter la police. C’est à cette même période qu’un procès en révision de son père criminel  est étudié…

Paul Verhoeven, pour sa première production française, revient sur les écrans avec un thriller noir sadique et violent. Sadique, car il maltraite son héroïne Michèle incarnée superbement par Isabelle Huppert qui semble prendre plaisir à subir les abominations de son agresseur. Violent, car le cinéaste néerlandais, avec une éprouvante scène d’ouverture sur un viol observé du point de vue d’un chat, maltraite son héroïne comme ses spectateurs.

Le cinéaste de « Black book » (2006) aime filmer les femmes mantes religieuses et livre avec « Elle » un film assez fascinant, adapté du roman « Oh… » de Philippe Djian, où le spectateur se surprend à prendre plaisir de la violence sur l’écran. L’auteur avait d’ailleurs récemment été adapté par les frères Larrieux avec « L’Amour est un crime parfait« .

Qui pouvait mieux qu’Isabelle Huppert incarner cette femme troublante et ambiguë? L’actrice y est vertigineuse. Entourée d’excellents comédiens dont le parfait Christian Berkel dans le rôle de l’amant, l’actrice évolue dans des décors raffinés et des ambiances feutrées où sa présence glaçante irradie.

Avec « Elle » , Paul Verhoeven signe un film troublant, lorgnant parfois vers la série B, qui secoue et maltraite ses comédiens comme ses spectateurs. Mais n’est-ce pas l’idée du cinéma, de caresser à rebrousse-poils les formats standardisés?