Après le délirant « The Grand Budapest hotel » sorti en 2013, la coqueluche du cinéma indépendant américain revient sur les écrans avec, cette fois-ci, un film d’animation réalisé avec le procédé image par image dit « stop-motion ». « L’île aux chiens » de Wes Anderson, c’est ce bout de terre au large d’une mégalopole japonaise, Megasaki, gouvernée par son maire-dictateur Kobayashi.

Une contamination touchant les chiens de la ville, un décret applique arbitrairement la déportation de tous les canidés au large de Magasaki, dans une île-poubelle. C’est dans cette atmosphère pestilentielle et dans les ordures produites par les hommes que se retrouvent une bande de cabots à l’humour ravageur. Un beau matin, le jeune neveu du maire Atari Kobayashi atterrit dans l’île-poubelle à la recherche de son ami canin.

Avec une précision diabolique et un soucis du détail permanent, le cinéaste rend vie à ses touffes de poils et ses personnages peints à la mains. En ce sens, Wes Anderson renoue avec la féerie des pionniers du cinéma fantastique, les Méliès et autres Segundo de Chomon qui expérimentaient des films bourrés de trucages et de magies. Les marionnettes du film de Wes Anderson évoluent dans un univers à la fois futuriste et contemporain.

Film au message profondément humaniste, « L’île aux chiens » est avant tout une oeuvre visuellement époustouflante qui n’oublie pas non plus d’être drôle. Servi par une musique d’Alexandre Desplat qui rejoue les saxophones et les percussions des films de samouraïs des années 1950, le film artisanal et salutaire du talentueux Wes Anderson vaut largement tous les blockbusters bourrés d’indigestes effets spéciaux.