Oklahoma, années 1920. Ernest Burkhart (Leonardo DiCaprio) revient du conflit en Europe où il combattait aux côtés des Alliés contre l’Allemagne. Son oncle William Hale dit « King » (Robert De Niro), influent éleveur de bétail de la réserve de Hale, le prend rapidement sous son aile. Ernest devient chauffeur d’automobile au service de riches familles d’Indiens de la tribu Osage, dont le fortune est le fruit des champs de pétrole installés sur leurs terre. King suggère à son neveu de courtiser la belle Mollie Kyle (Lily Gladstone), propriétaire de terrains. Grâce à cette union, dont la cérémonie de mariage mêle le catholicisme avec les rituels Osage, Ernest bénéficie désormais d’une rente. Au même moment, des morts suspectes d’Indiens se multiplient.
Retour au grand écran pour le vétéran du Nouvel Hollywood Martin Scorsese – dont la dernière production pour le cinéma date de 2017 avec Silence – avec ses deux acteurs fétiches De Niro et DiCaprio. Le cinéaste octogénaire offre avec Killers of the Flower Moon une fresque grandiose et noire qui revient sur les heures sombres de l’histoire des Etats-Unis. Sur les terres des Indiens Osage, les entrepreneurs peu recommandables débarquent en nombre pour profiter de l’or noir qui jaillit sur les terres indiennes. Une entente fragile est trouvée entre les autorités locales – dont William Hale est un éminent représentant – et les chefs de tribus. Le riche éleveur – franc-maçon, bienfaiteur local et shérif adjoint -, qui parle la langue des Indiens, est d’ailleurs considéré comme le garant des intérêts de tous.
On le sait, la construction de la nation américaine est entachée du sang des Amérindiens, massacrés en nombre. Dans Killers of the Flower Moon, écrit par Eric Roth d’après le livre de David Grann, Martin Scorsese filme son éradication sournoise, incarnée par « King », dont l’appât du gain pousse à échafauder les plans les plus machiavéliques. L’ultra-capitalisme dévastateur et sournois, déjà.
On prend évidemment un plaisir immense à retrouver Robert De Niro dans ce rôle de docteur Jekyll et de M. Hyde qui lui permet d’inscrire un nouveau personnage retors et meurtrier à son panthéon. A ses côtés, Leonardo DiCaprio – les deux hommes ont débuté leur collaboration dans Blessures secrètes (1993) de Michael Caton-Jones – interprète un pantin frustre, à la limite de la bêtise. Quoique trop grimaçant, l’acteur presque quinquagénaire étonne avec ce personnage dont il parvient à créer de l’empathie.
Avec une mise en scène brillante, un art hors pair de la narration, le film-fleuve de Martin Scorsese – 3h26 – s’inscrit dans les grandes fresques cinématographiques et littéraires qui ont relaté la construction de la nation américaine.
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