Issue de la haute-bourgeoise lisboète, Maria Adelaide Coelho da Cunha (Marie de Medeiros) est l’héritière et la propriétaire du grand quotidien portugais Diário de Notícias. A bientôt cinquante ans, se sentant trahie par un mari volage (Marcello Urgeghe) qui projette de vendre l’affaire familiale sans son consentement, Maria Adelaide fuit le domicile de Lisbonne pour vivre une idylle passionnée avec son ancien chauffeur, de vingt-deux ans son cadet. Spoliée et privée de liberté, Maria Adelaide luttera seule contre tous pour retrouver son statut. Et jouir de sa liberté.
L’action de L’Ordre moral se situe au Portugal en 1918, alors que le pays vit une épidémie de fièvre espagnole et traverse une incertitude politique. Le réalisateur Mário Barroso, directeur de la photographie pour de grands cinéastes comme Manoel de Oliveira, João César Monteiro, Raoul Ruiz ou José Fonseca e Costa, a demandé à Carlos Saboga, scénariste du film Mystères de Lisbonne (2010, Raoul Ruiz), d’écrire l’épopée romanesque de Maria Adelaide Coelho da Cunha, une femme moderne du début du siècle précédent, insoumise, éprise de théâtre et de liberté.
Grâce à cette matière riche et foisonnante, Mário Barroso réalise un film raffiné et passionnant que Maria de Medeiros, époustouflante en femme blessée, porte magistralement sur ses frêles épaules. Produit par l’indispensable Alfama Films, L’Ordre moral renvoie étrangement à ce que vit notre civilisation occidentale d’aujourd’hui où certaines femmes sont soumises à patriarcat qu’on pensait enfoui et à un radicalisme religieux galopant. Mário Barroso brosse le portrait d’une féministe de combat qui n’en n’oublie pas moins les sentiments amoureux et la jouissance de la vie.
Maria de Medeiros confirme qu’elle est une de nos plus grandes actrices européennes.
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