Raoul Ruiz (1941-2011) était un de nos plus grands cinéastes, très prolifique (plus de cent films à son actif) et bien souvent iconoclaste. Après son film fleuve salué unanimement par la critique « Les Mystères de Lisbonne », son dernier film, tourné dans son Chili natal et adapté de contes d’Hernan del Solar, est une comédie surréaliste autour du thème de la mort.
Nous sommes à Antofagasta, un port situé au nord du Chili, dans un temps indéterminé (au siècle dernier mais également de nos jours). Nous suivons le départ à la retraite de l’avocat Don Celso qui, tout en suivant des cours de français prodigué par Jean Giono lui-même (!), est persuadé qu’il va être assassiné… Don Celso obnubilé de sa fin proche, se revoit petit garçon, fréquentant Beethoven, le pirate Long John Silver, tout en conversant avec Jean Giono.
On l’aura compris, « La Nuit d’en face » penche du côté des œuvres oniriques et surréalistes qui resteront la marque de fabrique de Raoul Ruiz. A travers son alter ego Don Celso, c’est certainement Raoul Ruiz qui se met en scène dans ces rêveries d’une autre époque quis se déroulent sur les bancs d’une classe, dans les rues d’Antofagasta, sur les plages de l’océan ou dans une pension tenue par la belle Nigilda (interprétée par Valentina Vargas, la sauvageonne du « Nom de la Rose »).
Il faut laisser son esprit cartésien de côté et se laisser transporter par la petite musique drôle et triste de Raoul Ruiz, avec ses décors rétros et sa lumière de coucher de soleil.
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