Au Maroc, dans la médina de Salé, Halim (Saleh Bakri) et Mina (Lubna Azabal) tiennent une échoppe de caftan, renommée pour la qualité des broderies effectuées à la main. Couple quadragénaire sans enfant, leur vie est perturbée par la maladie de Mina ainsi que l’arrivée d’un jeune apprenti, Youssef (Ayoub Missioui).
La réalisatrice Maryam Touzani et son mari le coscénariste Nabil Ayouch entremêlent deux récits dans ce très soigné Bleu du caftan: l’épreuve d’un couple face à la maladie de l’une, l’homosexualité contenue de l’autre. Et c’est sur le premier thème que la réalisatrice parvient, malgré les scènes douloureuses, à atteindre des moments de grâce: le corps vivant qui se meurt, la sexualité contrariée des deux et, malgré l’abîme, la très profonde affection qui les relie.
D’une grande pudeur, Le Bleu du caftan est magnifiquement porté par ses deux principaux interprètes, le Palestinien Saleh Bakri, découvert dans Salvo (Fabio Grassadonia et Antonio Piazza, 2013) et l’immense Lubna Azabal (Incendies, Denis Villeneuve, 2011) qui livre ici l’une de ses plus poignantes prestations. Courageux – il dénonce à la fois la répression de l’homosexualité et la politique liberticide du Maroc (la police des mœurs y contrôle les couples illégitimes) – Le Bleu du caftan n’est en rien un pamphlet politique. Il est avant tout une puissante histoire d’amour entre deux âmes nobles.
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