Jeff Costello, le héros du « Samouraï » de Melville, a pris ses nouveaux quartiers à Palerme, en Sicile. Et il a désormais les traits de Salvo (Saleh Bakri), un jeune homme mutique qui travaille pour un parrain local (Mario Pupella). Salvo est un tueur solitaire et silencieux qui doit éliminer les membres d’un clan mafieux adverse. Mais il tombe un jour sur Rita (Sara Serraiocco), la jeune sœur aveugle d’une de ses victimes…

Après une première partie tel un thriller nerveux fait de courses-poursuites suivies d’un brillant plan-séquence dans la maison obscure de sa victime, « Salvo » change de rythme et se mue en un étouffant huis-clos. Dans le petit meublé du héros puis dans une inquiétante usine désaffectée, le tueur et sa protégée vont s’ouvrir l’un à l’autre et sortir de l’obscurité de leurs vies.

Les deux réalisateurs de cet atypique film italien, Fabio Grassadonia et Antonio Piazza, tous deux palermitains, confirment un cinéma transalpin de qualité après les récents « Toi et Moi » du vétéran Bernardo Bertolucci et « Miele » de Valeria Golino. Ce duo de cinéastes démontre une incroyable maîtrise formelle et un talent certain à suivre. La longue scène dans l’appartement lorsque Salvo attend sa victime est un grand moment de cinéma: tout n’est qu’obscurité, le son a une importance capitale tout le long du film.

Les deux protagonistes de « Salvo » sont peu bavards, certes, mais leurs regards expriment une détresse infinie. Le parrain local, interprété par Mario Pupella est un croisé de Klaus Kinski et de Serge Reggiani vieillissants, affublé de survêtement ou de costume de lin. Les références au cinéma de Sergio Leone sont également présentes par moment dans « Salvo ».