L’un des derniers maîtres du cinéma italien et international, qui n’avait plus donné de nouvelles depuis le film qui avait révélé Eva Green « Innocents » , effectue un joli retour à Rome dans un film tourné dans sa langue natale. Le cinéaste iconoclaste et provocateur des années 1960, qui s’est lancé dans de grandes fresques dans les années 1980 et 1990, revient avec un film intimiste et touchant.

On sait l’importance de l’adolescence pour le réalisateur de « Beauté Volée ». Dans « Moi et Toi », adapté d’un roman de Niccolo Ammaniti (Éditions Giulio Einaudi), Bertolucci s’attache à Lorenzo, un garçon de 14 ans renfermé et peu sociable. Son étouffante mère (Sonia Bergamasco qui incarnait la terroriste de « Nos Meilleures années » ) n’aide pas non plus l’adolescent à s’épanouir. C’est alors qu’il décide, en faisant croire qu’il part une semaine en classe de neige, de s’enfermer dans la cave de son cossu immeuble, le temps de vivre sa vie et d’observer la fourmilière qu’il s’est récemment acheté. Contre toutes attentes, sa demi-sœur Olivia, de dix ans son aînée, surgit dans son antre…

Tourné la plupart du temps dans une cave, « Moi et Toi » n’en n’est pas pour autant étouffant. C’est au contraire dans ce bric-à-brac d’objets ayant appartenu à une comtesse qu’Olivia et Lorenzo vont apprendre à se connaître, s’aider à grandir et s’aimer fraternellement.

Bercé par une bande-son mêlée de rock et de la musique composée par Franco Piersanti, « Moi et Toi » nous fait découvrir, dans une très touchante scène d’étreintes entre Olivia et Lorenzo, une version en italien de « Space Oddity », chantée par David Bowie, qui s’intitule « Ragazzo Solo, Ragazza Sola » .

Parlons d’Olivia et Lorenzo: leurs interprètes Tea Falco et Jacopo Olmo Antinori sont les deux passionnantes révélations du films de Bertolucci qui retrouve dans ce film une nouvelle jeunesse.