Qui se serait douté que, pour sa première réalisation, l’actrice Valeria Golino porterait son choix sur l’épineux thème de l’euthanasie? En adaptant un livre de Mauro Covacich intitulé « Vi perdono » l’actrice italienne franchit avec succès le cap difficile des acteurs qui passent derrière la caméra. Avec ce beau portrait d’un ange noir, son interprète féminine, la ravissante Jasmine Trinca (l’adolescente du film de Nanni Moretti « La Chambre du fils ») porte sur ses épaules le film de son aînée. Dans « Miele », ces deux femmes-là sont tout à fait étonnantes.

« Miele », c’est le nom de code d’Irène (Jasmine Trinca), une jeune femme solitaire, qui milite et agit pour la mort assistée. Ses « missions » la font intervenir chez des malades incurables jusqu’au jour où elle tombe sur Carlo Grimaldi (Carlo Cecchi), un ancien ingénieur avec lequel elle amorce une amitié.

La mort assistée a été le sujet de longs-métrages récemment sortis sur les écrans: « La Belle endormie » de Marco Bellochio et surtout le magnifique « Quelques heures de printemps » de Stéphane Brisé. Valéria Golino s’empare à son tour de ce sujet de société avec finesse, sans porter de jugement à son héroïne. A travers le rôle de Grimaldi, la réalisatrice tente de comprendre la motivation de la jeune femme qui vit dans une relative solitude entre activités physiques; allers et retours au Mexique et amours sans avenir. Le seul attachement d’Irène est son vieux père puis enfin cet ingénieur à la retraite qu’est Grimaldi.

Avec sa coupe à la garçonne et son allure androgyne, Jasmine Trinca n’oublie pas d’être franchement féminine. Elle est même magnifique dans ce beau portrait de femme blessée. Enfin en haut de l’affiche, Jasmine Trinca révèle un jeu sensible et une beauté irradiante. Certes le film n’évite pas quelques maladresses, le sujet étant il faut le dire franchement casse-gueule. Mais Valeria Golino, sans prétention ni pathos, garde le cap.