2013 marque le 100ème anniversaire de la naissance de Yasujirō Ozu. L’événement s’accompagne, grâce au distributeur Carlotta, de la sortie sur les écrans et en version numérique restaurée du premier film parlant du cinéaste. « Le Fils unique » a été tourné en 1936 par celui qui allait devenir le maître du cinéma nippon. La prise de son s’est effectuée en direct et les prises de vues en extérieurs: « Le Fils unique » est ainsi imprégné d’un réalisme poétique dans son beau noir et blanc (malgré la restauration, le son et l’image ne sont pas toujours excellents car peu de copies subsistaient).
Ryosuke est l’unique fils de Tsune Nonomiya, ouvrière dans une usine de tissage dans la province de Shinshu. Cette jeune veuve s’épuise à la tache pour payer à son fils des études à Tokyo. Les années passent, la mère décide de « monter » dans la luxueuse capitale d’avant-guerre et rendre visite à Ryosuke, désormais jeune homme de vingt-sept ans. Mais le fils n’est pas « devenu ce qu’il voulait être » : c’est non pas à la mairie qu’il travaille, mais un poste de « demi prof de cours du soir ». Honteux, il a même caché à sa mère sa nouvelle paternité.
Le film désespéré de Ozu est établi sur les mensonges: dès le début du « Fils unique », le jeune garçon ment à sa mère lorsque celle-ci accepte qu’il poursuive ses études. Lors de sa venue à Tokyo, c’est un tissu de mensonges qui craque puisque Ryosuke n’a jamais révélé son statut social, à des lieux de l’idée que sa mère s’en faisait. Enfin, lors de son retour à Shinshu, Tsune elle-même ment à ses collègues de travail sur la réelle condition sociale de son fils…
Malgré cette noirceur apparente, Ozu magnifie ce qui fait la richesse intérieure de l’Homme: la solidarité entre les classes populaires.
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