Lorsque Paul Blum (Melvil Poupaud) fait la connaissance de Joseph Paskin (André Dussolier), l’écrivain quadragénaire semble à la dérive. Sa vie sentimentale est chaotique, son inspiration, après un grand livre écrit il y a une dizaine d’années, lui fait cruellement défaut. Le mystérieux monsieur Joseph va proposer au cynique et fringuant jeune homme en manque d’argent un étrange marché…

Le film du journaliste Nicolas Pariser, fraîchement auréolé du prix Louis Delluc 2015 du premier film, est une plongée fascinante dans les coulisses du pouvoir où des entremetteurs font et défont des carrières de ministres. C’est un véritable affrontement où tous les plus bas coups sont permis qui se joue sous les ors de la République entre les clans d’une même famille politique. Nicolas Pariser s’est inspiré de plusieurs affaires qui ont défrayées la chronique depuis la mort inexpliquée de Robert Boulin jusqu’au cas de l’activiste Julien Coupat dont l’inculpation reste un fiasco judiciaire.

Dans les salons feutrés des bars des grands hôtels, dans les cabinets ministériels ou dans des caches du fin fond de la France, on assiste à un thriller politique passionnant formé par un duo excitant de comédiens qui semblent avoir pris un savoureux plaisir à incarner à l’écran ces personnages machiavéliques. André Dusssolier, bien sûr, porte avec brio le costume d’un Raspoutine des temps modernes, Melvil Poupaud est délicieux de cynisme aux idéaux de jeunesse désenchantés ainsi que la jolie Clémence Poesy en passionnera de la cause révolutionnaire.

Dans une élégante réalisation portée par la musique de Morando et Villeneuve, Nicolas Pariser réussit un film politique audacieux et envoûtant dans la lignée du film de Pierre Scholler « L’exercice de l’état »  ou de celui plus ancien du « Bon plaisir » de Francis Girod.