Il est un personnage à lui tout seul. Situé sur la très chic place Victor-Hugo dans le XVIè arrondissement parisien, le kiosque à journaux de la mère d’Alexandra Pianelli accueille les passants pressés ainsi qu’une poignée d’habitués: Christiane une attachante vieille dame, Damien un sans domicile fixe généreux, Mariouch qui offre des gâteaux, Marcel un tonitruant chauffeur de l’ambassade d’Allemagne… Tous se retrouvent sous le toit du kiosque où Alexandra les filme avec son téléphone portable. Jusqu’au jour où, confrontée à la baisse des ventes et à des grèves d’imprimeurs qui nuisent à une activité déjà mise à mal par le numérique, sa kiosquière de mère annonce sa retraite prochaine.
C’est un document précieux – et déjà en quelques sorte historique à l’instar de 68, mon père, et les clous de Samuel Bigiaoui (2019) – que nous offre la réalisatrice, fille et petite-fille de kiosquiers. Diplomée des Arts Décoratifs de Strasbourg, la jeune femme est équipée, comme son pair « le filmeur » Alain Cavalier, d’une petite caméra GoPro et d’un téléphone portable. Coincée derrière l’exigu refuge qui abrite les montagnes de journaux et de magazines aux couvertures de papier glacé, Alexandra Pianelli saisit avec une profonde humanité la disparition d’un monde – celui où la presse papier réglait le monde – et de ses irréductibles clients, au profond besoin d’échanger et de se rencontrer.
C’est aussi un merveilleux cadeau à ses aïeux qu’offre la réalisatrice qui capte avec générosité les interactions humaines qui se déroulent, comme dans un théâtre, dans cet emblématique figure du paysage parisien. L’un des plus belles scènes du film est celle où Damien le SDF offre quelques pièces de monnaies à une passante qui en a besoin pour acheter un ticket de métro. Un poignant moment de grâce.
Ci-dessus: Le Kiosque distribué par Les Alchimistes à l’affiche du cinéma parisien Saint-Michel.
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