Fraîchement entrée au collège, Amy, 11 ans, intègre une bande de copines délurées et passionnées par une forme de danse très suggestive. Elles décident de se présenter à un concours dont la chorégraphie osée renvoie à l’acte sexuel. Tiraillée par la culture musulmane de sa famille africaine et la « modernité » ambiante, révoltée par un père absent et la détresse d’une mère délaissée, Amy cherche une voie pour vivre pleinement sa jeune adolescence.
C’est un premier long-métrage courageux qu’est « Mignonnes », un titre qui renvoie au groupe que forment ces préadolescentes filmées à hauteur d’enfants par Maimouna Doucouré. Amy – magnifiquement interprétée par Fathia Youssouf – est de tous les plans tant dans sa cellule familiale étouffante – cellule où les hommes sont totalement absents – qu’en extérieur, dans la cour de l’école ou le parc de la Villette. La comédienne Maïmouna Gueye qui interprète la mère d’Amy est tout aussi bouleversante.
On découvre une jeune femme en devenir, encore enfant, qui navigue entre les conventions familiales et une mode musicale et vestimentaire ultra-sexualisées. Jamais la réalisatrice ne promeut ces extrêmes que vit Amy, mais au contraire aborde une voie libératrice: la danse, aussi choquante ou vulgaire soit-elle.
En ce sens, le film de Maimouna Doucouré, en brossant le portrait d’une future femme déjà éprise de liberté, est un plaidoyer féministe revigorant.
La Turquie a pourtant censuré « Mignonnes » et un mouvement de boycott a vu le jour sur Netflix. Le spectateur jugera de lui-même ces prises de décision venant d’une république qui n’a de laïque que le nom et d’une plateforme formatée pour un cinéma globalisé.
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