Dis-moi comment tu parles et je te dirai d’où tu viens. C’est le jeu favori du professeur Higgins (Leslie Howard) qui parvient à identifier la ville, voire son quartier de naissance, de tout individu qu’il écoute grâce ou à cause de son accent. Hautain et parieur, le professeur Higgins veut transformer Eliza (Wendy Hiller), une vendeuse de fleurs rencontrée dans la rue, en duchesse au langage éminemment raffiné.

Le thème du langage et de sa maîtrise est également évoqué dans une oeuvre plus proche de nous, Entre les murs (2008) de Laurent Cantet. Sorti en 1938, Pygmalion d’Anthony Asquith est adapté par George Bernard Shaw de sa propre pièce. C’est un véritable bijou de comédie de voir un personnage sorti des bas-fonds, modelé par un cynique docteur Frankenstein, débarquer dans une des plus haute strates de la haute société anglaise.

Mais c’est sans compter que la nouvelle créature, en l’occurrence Miss Eliza Doolitle, est doté d’une conscience. Ce que le professeur – odieux savant fou – n’avait pas prédit.

Sous ses airs de comédie théâtrale aux situations cocasses, Pygmalion reste quatre vingt ans ans plus tard une réflexion moderne sur notre monde cosmopolite où le maniement de la langue permet l’élévation sociale et l’intégration. Saluons le distributeur Solaris et le cinéma parisien Le Champo qui proposent une version restaurée d’une comédie qui a donné quelques années plus tard le chef d’oeuvre My Fair lady de George Cukor (1964). Wendy Hiller est remarquable.