« Shame », c’est la double vie de Brandon (Michael Fassbender), beau trentenaire new-yorkais, tombeur de filles et consommateur de sexe sous toutes ses formes. Ce qu’on prenait au début pour un mode de vie urbain et décalé se révèle en fait un véritable mal-être profond. Le cinéaste ovationné de « Hunger » revient donc avec un deuxième film, fort et dérangeant, accompagné de son poulain, le très prisé Michael Fassbender.
La subtilité de « Shame » est d’explorer au plus profond cet être qu’est Brandon, flanqué de sa sœur Sissy (Carrey Mulligan), loufoque et extravertie. Brandon, cadre dynamique le jour, se dévergonde la nuit, parfois embarqué avec son patron. Mais Brandon est aussi un consommateur de sexe sur Internet, sous sa douche, avec des prostituées… Le sexe sans amour, le sexe rageur et salvateur.
La caméra de Steve McQueen suit de près Brandon dans sa vie oppressante, enfermé dans son addiction, jusqu’au bout de sa spirale infernale. L’ambiance nocturne de New-York est magnifiquement filmée, les scènes de sexe sont montrées sans voyeurisme (elles sont d’ailleurs souvent belles) et le personnage de Brandon finement et cliniquement analysé. A ce propos, Michael Fassbender est incroyable de conviction, il a la force et la ressemblance de Jérémy Irons, l’un des plus grands acteurs britanniques. « Shame » est accompagné d’une bade originale écrite par Harry Escott (un des thèmes ressemble de près à celui d’Hans Zimmer dans « La ligne rouge ») et d’autres morceaux de Bach (joué par Glenn Gould).
Rien à ajouter sinon le souvenir de l’étrange malaise provoqué par un film fascinant à plus d’un titre !