Le terrain est glissant pour Fred (Jérémie Renier) et Lyz (Noée Abita): l’autoritaire coach entraîne sa jeune protégée de 15 ans pour les championnats de ski, ce qui implique une forte proximité durant toute la saison. D’autant plus que Lyz, qui vit seule loin de ses parents divorcés, est dans cet état trouble de l’adolescence qui voit ses premiers désirs. Lorsque la relation de maître à élève dérape, Lyz voit sa vie de jeune femme bouleversée.

La réalisatrice Charlène Favier, dont l’histoire est en partie autobiographique, a su éviter tous les clichés d’un rapport de domination et d’abus dans le monde du sport. La jeune femme – mineure – tombe peu à peu sous l’emprise de son entraîneur à qui elle doit ses exploits sportifs et ses médailles. Le culte du corps est poussé à l’extrême, l’envie de briller est sans cesse rappelée, la cohabitation avec son protecteur de plus en plus fréquente. Et puis malgré tout, Lyz l’aime bien son coach qui pourrait incarne tant ce père absent. Autant de facteurs qui expliquent subtilement – sans jamais le justifier – une relation non consentie sur mineure. Puisque c’est d’un glissement progressif vers le viol dont parle Slalom porté par Noée Abita, révélée dans Ava (2017) et également interprété par le toujours excellent Jérémie Renier.

Les prises de vues de la montagne enneigée au petit matin, peut-être le seul moment serein pour l’héroïne avant les affrontements sportifs, sont d’une grande beauté. Slalom est un drame poignant qui, au bout de la piste, envisage un espoir lumineux pour la jeune héroïne que cette expérience tragique a renforcé.

Slalom, un film de Charlène Favier