A 18 ans, Ahmed (Sami Outalbali) rejoint une université parisienne pour suivre un cursus de littérature arabe. Lui qui a grandi dans un grand ensemble de banlieue, l’entrée dans la prestigieuse faculté est une consécration mais aussi la découverte d’autres milieux culturels. Il se lie avec Farah (Zbeida Belhajamor), une jeune Tunisienne éprise de littérature. Entre les mots d’amours des grands poètes arabes et le désir qu’il éprouve pour Farah, le jeune homme doit faire face au poids de son éducation.

Voici un film qui sort de tous les clichés trop souvent balancés sur la jeunesse et plus particulièrement celle issue des « quartiers ». Ici, le jeune homme, dont la sensibilité à la poésie et à l’écriture est assumée, reste pourtant peu ouvert aux aspirations de sa petite sœur et de sa nouvelle amie Farah. Les femmes du film de la réalisatrice tunisienne Leyla Bouzid sont bien les héroïnes de nos temps modernes qui voient le retour insidieux du patriarcat et du carcan moralisateur. La petite sœur, la jeune étudiante et même la professeure de littérature luttent, toutes à leur manière, afin de laisser les femmes vivre pleinement leur vie, faisant fi des remarques et injonctions masculines. C’est grâce à ces femmes qu’Ahmed, qui découvre le passé de son père, pourra s’extirper de sa « communauté ».

Une Histoire d’amour et de désir est aussi une magnifique ode aux mots et à la poésie érotique, plus forts que les violentes images pornographiques qui renvoient à une sexualité erronée une partie de la jeunesse. Courageuse, Leyla Bouzid pointe du doigt ces militants du rigorisme qui ne parlent pas un mot d’arabe et en ignorent la littérature, notamment celle du Moyen-Âge où certains recueils vantaient le plaisir et la sexualité à l’instar du sulfureux Le Jardin parfumé, un manuel d’érotologie du cheikh Nefzaoui.

Dans ce beau film initiatique, les deux acteurs Zbeida Belhajamor et Sami Outalbali émeuvent à travers leurs sensibilité et leurs frustrations.