Annie, Anna, Nadia, Barbara… Toutes ces jeunes femmes sont autant de conquêtes féminines de Marc (Mathieu Amalric), professeur universitaire, qui les accumule comme des trophées de chasse, si bien qu’il en oublie leurs prénoms. Mais l’une d’elle, Barbara, vient à disparaître. L’enquête se dirige naturellement vers ce Don Juan qui vit dans un chalet isolé avec sa sœur (Karine Viard).

Les frères cinéastes ont pris leurs valises et ont troqué leurs Pyrénées natales pour les Alpes en adaptant le roman de Philippe Djian, « Incidences » publié en 2010. Dans un décor grandiose de montagnes (le film a été tourné à Megève et à Neufchâtel ainsi que sur l’Aiguille du Midi et le plateau des Glières) et de lac (Lausanne et son université), les frères Larrieu ont tourné un magnifique polar glacial qui rappelle un peu le thriller de Raphaël Jacoulot « Avant l’aube » avec ses ambiances hivernales de bourgeoisie provinciale.

Ici, il est question d’une enquête dont le spectateur, comme le jeune inspecteur (Damien Dorsaz, excellent), découvre petit à petit la personnalité complexe de ce cinquantenaire cynique. Lorsque la jeune mère de Barbara (Maïwenn) approche Marc, tout bascule.

Le film ne prend pas les sentiers battus du polar mais emprunte des voies qui perdent volontairement le spectateur: le film prend son temps, tout comme l’enquête, pour s’attarder sur la vie quotidienne de Marc, ses relations ambiguës avec sa sœur, son inimitié avec le directeur de littérature (Denis Podalydès), ses aventures sexuelles…

Avec une mise en scène esthétisante et une ambiance clinique, Jean-Marie et Arnaud Larrieu nous offrent un polar sensuel et envoûtant.

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