Les criminels de Martin Scorsese ne portent pas tous une arme. Celle qu’utilise Jordan Belfort (Léonardo DiCaprio), le « héros » du nouveau film du cinéaste, n’en n’est pas moins redoutable et lui permet, dans les sphères de la bourse de New-York, d’accumuler en quelques heures des centaines de millions de dollars.

Cinquième collaboration entre Martin Scorsese et Léonardo DiCaprio après l’excellent et très noir « Shutter Island » , « Le Loup de Wall Street » se situe dans la même veine que les portraits des mafias italo-américaines du cinéaste des « Affranchis » et de « Casino ». Ce portrait adapté de la vie de Jordan Belfort, un sulfureux trader qui a narré son incroyable ascension dans son livre « The Wolf of Wall Street » , utilise une construction scénaristique semblable sur la grandeur et la décadence d’un homme parti de rien, le même rythme frénétique et les mêmes scènes jubilatoires de frasques déjantées. Scorsese, de ce point de vue, ne se réinvente pas dans « Le Loup de Wall Street » en utilisant les mêmes ficelles que les « Affranchis » et « Casino »: scènes anthologiques de défonce, quête du pouvoir, violence des rapports conjugaux, humiliations…

Les 3 heures du film de Scorsese passent à toute allure et, à travers une voix-off, dressent le portrait chronologique d’un jeune loup avide d’argent, Jordan Belfort. Depuis les débuts auprès de son mentor Mark Hanna (excellent Matthew McConaughey) qui lui inculque les quelques clés de la réussite d’un trader (sexe, drogue et arnaque) jusqu’à son inévitable chute, le réalisateur s’amuse de ce monde fascinant et incontrôlable.

Léonardo DiCaprio aborde ses quarante ans avec une composition mémorable d’un jeune ambitieux charmeur et sans pitié. Certaines scènes, hilarantes, prouvent un génie sans cesse renouvelé (la scène de la sortie d’un Club-House sous acide est anthologique). Il est entouré d’une troupe de comédiens excellents comme Johan Hill (son bras-droit Donnie Azoff), Kyle Chandler (l’officier du FBI Patrick Denham) et la somptueuse Margot Robbie (sa poupée Barbie d’épouse).

Martin Scorsese, avec son génie de la narration et de la mise en scène, fait décidément du bien au cinéma américain et renvoie aux belles heures des grands films US des années 1970, emprunt de liberté et de folie.