Été 1991 à Mougins. Une riche héritière, Ghislaine Marchal, est retrouvée assassinée dans la cave de sa luxueuse villa. Sur les murs, d’énigmatiques lettres de sang  « Omar m’a tuer » accusent le jardinier de la veuve, Omar Raddad. Clamant son innocence, ce dernier est inculpé. Un écrivain, aidé par Maître Vergès, mène l’enquête quelques années plus tard.

C’est certainement l’une des affaire criminelles les plus mystérieuses et abracadabrantesques de la fin du siècle dernier. D’autant plus qu’à l’heure de la sortie du film, Omar Raddad, certes libre, n’est pas prouvé comme innocent. Il n’était donc pas aisé au cinéma de s’emparer de ce sujet casse-gueule en se replongeant dans une affaire judiciaire inachevée.

Roschdy Zem, dont on connaît les talents de comédien, s’est finement emparé de deux ouvrages (orientés) relatant l’affaire. D’abord le témoignage d’Omar Raddad lui-même « Pourquoi moi ? ». Ensuite, l’enquête de l’académicien Jean-Marie Rouart: « Omar : la construction d’un coupable ». Le réalisateur ne dénonce pas une erreur judiciaire: la vérité n’est connue de quiconque. Il relate les manquements durant une enquête précipitée, sur fond d’ambiance raciste, ce qui a fait dire à Jacques Vergès les célèbres mots: « Il y a cent ans, on condamnait un officier car il avait le tort d’être juif, aujourd’hui on condamne un jardinier car il a le tort d’être maghrébin. »

Porté par un magnifique Sami Bouajila (prochain césarisé?), incarnant un Omar Raddad simple mais déterminé, « Omar m’a tuer », nullement sombrant dans le pathétique, laisse un goût amer d’une affaire inachevée. Roschdy Zem a réuni autours de Sami Bouajila une belle troupe de comédien: Denis Podalydès qui, après Nicolas Sarkozy dans « La Conquête« , joue une nouvelle fois une personnalité publique (l’écrivain Jean-Marie Rouart) et l’immense Maurice Bénichou qui prend les traits de Jacques Vergès, « l’avocat de la terreur » selon Barbet Schroeder.

« Omar m’a tué » souffre tout de même de sa naïve partialité sur une affaire, encore une fois, irrésolue. A lire, le récit d’investigation de Guy Hugnet, « Affaire Raddad. Le vrai coupable » aux éditions l’Archipel qui se veut plus neutre sur cette affaire nullement évidente.

Ci-dessus: Sami Bouajila en Omar Raddad. Une exceptionnelle prestation.

Ci-dessus: Denis Podalydès incarne l’écrivain et académicien mondain Jean-Marie Rouart.

Ci-dessus: Maurice Bénichou dans la peau de Jacques Vergès.