En été, les reprises de classiques du 7ème Art abondent dans les salles obscures. Après « Le Fils unique », premier film parlant d’Ozu, c’est au tour du premier long-métrage de fiction d’Alain Resnais de jouir d’une sortie restaurée. Le film, sorti en 1959 et co-écrit par Marguerite Duras, évoque les traumatismes de la Seconde Guerre Mondiale tant au Japon, sur le site d’Hiroshima renaissant, qu’en France, dans la ville de Nevers. Où quand l’histoire individuelle rejoint celle collective…
Novateur, le film l’est indéniablement. Plus de cinquante ans après, il est formellement impressionnant tant dans la maîtrise du cadre que dans le montage déconstruit. Ses dialogues littéraires, prononcés par la belle voix d’Emmanuelle Riva, sont de toute beauté et passent très bien à l’écran. Il faut aussi relever la musique de Georges Delerue et et Giovanni Fusco qui signe une partition angoissante.
La rencontre adultérine en « Elle » (Emmanuelle Riva, cinquante ans avant « Amour » d’Haneke) et « Lui » (Eiji Okada) va provoquer une catharsis chez la jeune femme qui, pendant quatorze ans, a effacé de sa mémoire un événement traumatisant qui s’est déroulé à Nevers, le ville de ses vingt ans. Hiroshima devient ainsi le théâtre de la mort – celle des milliers de victimes de la bombe H le 6 août 1945 et la sienne se remémorant son trauma – et de la renaissance. Cette psychanalyse, superbement amenée par Resnais et Duras, est magnifiée par le jeu des acteurs, Emmanuelle Riva en tête.
Attention, Alain Resnais a tourné ce film au ratio 1,37:1 ,il doit donc obligatoirement être projeté dans ce format; et surtout pas élargi au 1,85:1 comme il est devenu d’usage.
Il faut dire qu’en argentique la plupart des cabines de projection ne possèdent plus ni les fenètres , ni les focales pour traiter le classique standard.
C’est LE FILM à voir absolument, celui qu’il faut regarder en salle et non à la T.V. Le film qui apprendra à ceux qui ne le connaissent pas, que seul le Cinéma peut nous transporter au plus profond de notre intimité au delà de toute limite. Ici le temps et l’espace, le jour et la nuit , le présent et le passé, la douleur et le plaisir, le silence et la parole ne fond qu’un.
L’éblouissement de l’art sublimé par la caméra, le talent, et j’ose à peine l’écrire: le génie!