Le nouveau film de Cédric Anger, réalisateur de films noirs comme « Le Tueur » et « L’Avocat » et co-scénariste de l’Affaire Maurice Agnelet récemment mis en scène par André Téchiné, relate l’effroyable découverte que font en 1979 les gendarmes de la brigade de Chantilly: le « tueur de l’Oise », qui blesse et tue des jeunes femmes depuis plusieurs mois déjà, est un des leurs. Une telle nouvelle, qu’aucun scénariste n’aurait imaginé, ne pouvait qu’intéresser le cinéma.
C’est Guillaume Canet, qui a perdu six kilos pour ce rôle et qui n’a jamais été si sobre, qui incarne de façon époustouflante ce personnage à la Docteur Jekyll et Mister Hyde. Froid et mal aimable (la scène du bar, quand il demande une bière est mémorable), le gendarme Franck (en réalité Alain Lamare, aujourd’hui interné) est un garçon cynique à la trentaine taciturne qui, sans raison apparente, blesse ou tue des jeunes femmes la nuit sur les routes à Pont-Saint-Maxence ou Crépy-en-Valois.
D’une beauté froide, le film de Cédric Anger suit pas à pas le parcours de ce militaire solitaire, à la sexualité frustrée. L’homme le plus recherché de l’Oise et aussi « le meilleur des gendarmes » de la brigade selon ses supérieurs. Asocial et passionné d’armes, l’homme a pour unique lien ses collègues gendarmes et la belle Sophie (Ana Girardot, lumineuse), une jeune femme éprise de lui.
Cédric Anger ne porte pas de jugement sur son anti-héros: il plonge le spectateur dans son quotidien étrange et violent. Grégoire Hetzel accompagne en musique « La Prochaine fois je viserai le cœur » , un film totalement glaçant très fidèle au récit qu’en a fait le journaliste Yvan Stefanovitch.
La beauté esthétique du film, son extrême sobriété et son étude du personnage à la Simenon, font de ce polar une oeuvre qui se démarque franchement.
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