A Vienne, dans le grand cimetière Zentralfriedhof, un homme cherche inlassablement la tombe de son arrière grand-père Wolf Leib Frankel.

Ce homme en quête de ses racines, c’est Robert Bober, écrivain et documentariste de 80 ans, qui chevauche les dalles effondrées de pierre et recouvertes par la végétation. Plus tard, quelques biches viendront surprendre le défenseur de la mémoire juive lors de ses recherches au Zentralfriedhof.

Wolf Leib Frankel, qu’il n’a pas connu, est arrivé depuis sa Galicie natale, une région de l’empire austro-hongrois aujourd’hui partagée entre la Pologne et l’Ukraine, en vue d’installer sa famille dans la capitale autrichienne.

Le patriarche avait même fait le voyage jusqu’aux Etats-Unis et à Ellis Island, le débarcadère d’arrivant des migrants, pour une tentative avortée de l’installer aux Etats-Unis.

Artisan de son état, Wolf Leib Frankel a eu onze enfants dans ce pays d’Europe où, avant l’Anschluss de Hitler, les juifs ne subissaient pas les persécutions antisémites.

Robert Bober raconte la vie d’une famille juive autrichienne, sa famille, qui, depuis la fin du 19ème siècle jusqu’à la montée du nazisme, a traversé le terrible 20ème siècle. La moitié de sa famille n’a pas survécu à la Solution Finale. Certains membres n’ont pas de sépultures.

Magnifiquement documenté, le cinéaste se plaît à imaginer que son arrière grand-père rencontrât peut-être, dans cette Vienne où les écrivains et les philosophes se réunissaient dans les cafés, l’auteur du prémonitoire « Monde d’hier » Stephan Zweig.

« Vienne avant la nuit » est le poignant récit d’un homme qui lutte contre toutes les amnésies, pour que l’homme persécuté ne soit jamais jeté aux oubliettes de l’Histoire.