En Iran, dans les montagnes azéries, le cinéaste Jafar Panahi et l’actrice Benhaz Jafari sont à la recherche d’une jeune comédienne. Cette dernière leur a envoyé à tous deux un inquiétant message de détresse sur sa condition de femme et de « saltimbanque »…
Le nouveau film de Jafar Panahi, après « Ceci n’est pas un film » et « Taxi Téhéran » , est une oeuvre qui, à plusieurs égards, transcendent le pur objet cinématographique. En effet, depuis 2010, Jafar Panahi est un cinéaste qui n’a pas le droit de faire du cinéma. Assigné à résidence, il lui est interdit de se rendre à des festivals de cinéma où il est souvent primé. Pourtant, les contraintes qui lui sont imposées font de ce nouveau film une oeuvre singulière.
Avec un scénario qui a pour point de départ une intrigue plutôt banale, le cinéaste se fait un fin observateur et critique de ses contemporains. Il dénonce ceux qui hiérarchisent la place de la femme, ceux qui se soumettent à des dogmes, ceux qui maltraitent les artistes. Une jolie scène fait se rencontrer, à l’abri du regard des spectateurs, trois générations de comédiennes dont la vieille Shahrzad, adulée avant l’arrivée des Mollahs et désormais recluse dans sa baraque à l’écart du village.
Le cinéaste est malgré tout d’une tendresse infinie avec les femmes et les hommes qu’il rencontre qu’il ne juge jamais.
Avec des plans cinématographiques d’une prodigieuse inventivité, Jafar Panahi fait de ce petit village reculé un théâtre où la société humaine vit ses moments de vie ponctuées de jolis moments d’humanité. « Trois visages » a reçu le prix du scénario au Festival de Cannes 2018.
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