Dans son appartement de Téhéran, le cinéaste iranien Jafar Panahi allume sa caméra et parle de ses films, de ses scénarios non tournés. Mais Jafar Panahi n’a pas le droit de tourner: il attend le verdict de sa condamnation à vingt ans d’emprisonnement et à vingt ans de non-exercice de sa profession…
Co-réalisé par son ami Mojtaba Mirtahmasb, « Ceci n’est pas un film » est une poignante bouteille à la mer lâchée par un artiste militant et debout : comment vivre en attendant la décision judiciaire qui ne vient pas? Comment déjouer le régime de la République Islamique qui vous interdit de travailler? Incarcéré en 2010 et désormais condamné à résidence chez lui, Jafar Panahi parvient à s’échapper à travers le visionnage de ses anciens films, en imaginant les scènes de son prochain film refusé par la censure.
Comme un fauve en cage, le cinéaste iranien, internationalement reconnu pour ses film projetés dans les plus grands festivals (« Sang et Or » a remporté le Prix du Jury à Cannes en 2003), ne se laisse pas abattre: entre bouillonnement et interrogation sur la situation de l’artiste en Iran, Jafar Panahi filme par tous les moyens (caméra numérique, smartphone) les petits riens de sa vie actuelle : son iguane qui déambule dans sa bibliothèque, son balcon fleuri, sa rencontre avec le gardien de l’immeuble.
Malgré ses 1h15, le film est lent comme sa vie entre parenthèse. Rappelons-nous que le siège du juré Jafar Panahi au Festival de Cannes 2010 était resté vide.
« Ceci n’est pas un film » est bel et bien une œuvre documentaire à l’affiche des cinémas, ici au cinéma Lincoln sur les Champs-Élysées.
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