C’est dans le grand et glacial manoir familial qu’Héloïse attend, à contre-cœur, son départ pour Milan. Fraîchement sortie d’un couvent de bénédictines, la jeune femme est contrainte d’épouser le futur prétendant choisi par sa mère. Cette dernière engage Marianne, une jeune artiste-peintre, pour immortaliser la ténébreuse Héloïse sur la toile. Entre les deux jeunes femmes, une amitié amoureuse naît, insufflée par un fou désir de liberté.
La cinéaste Céline Sciamma poursuit son oeuvre exigeante entamée en 2007 avec « Naissance des pieuvres » puis poursuivi avec « Tomboy » (2011) et « Bande de filles » (2014). Dans son nouveau film adapté d’un scénario original, Céline Sciamma brosse le portrait de deux jeunes femmes au temps des Lumières, avant la Révolution, alors que la condition féminine est plus que jamais en souffrance. Héloïse exècre l’enfermement de son état de femme promise à un inconnu et parvient même a préférer son ancienne vie au couvent. La jeune peintre qu’elle voit en Marianne lui donne la possibilité d’échapper à sa condition, d’embrasser l’art et de s’épanouir pleinement dans le désir et la sexualité.
Céline Sciamma réussit, dans le décor dépouillé d’un manoir et dans celui d’une nature sublime et déchaînée, à transmettre dans sa mise en scène raffinée une émotion rare et un désir brûlant. Les magnifiques Adèle Haenel et Noémie Merlant, qui irradiait déjà l’écran dans « Curiosa » , confirment leur très grand talent dans cette oeuvre féministe intense et émouvante. Le final de « Portrait de la jeune fille en feu » sous les airs de Vivaldi est poignant d’émotion.
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