« Un grand film noir en couleurs » nous vante l’affiche de Péché mortel, réalisé en 1945 par John M. Stahl et bénéficiant d’une nouvelle sortie en version numérique restaurée via Park Circus Films. Réalisé dans un somptueux Technicolor, Leave Her to Heaven débute, comme toute rencontre romantique digne de ce nom, dans un train: entre Ellen Berent (Gene Tierney) et le romancier Richard Harland (Cornel Wilde), c’est le coup de foudre amoureux. La belle Ellen est même stupéfaite de la ressemblance entre son défunt père au même âge et le beau trentenaire installé en face d’elle. Une fois mariés, le jeune couple montre ses premières failles lorsqu’elle Ellen s’enfonce dans une névrose et une jalousie paranoïaque qui la mèneront bientôt au crime.
Dans ce jardin d’Eden sublimé que sont le chalet au bord du lac de Richard et la maison face à l’océan de la famille Berent, le prolifique cinéaste John M. Stahl (des dizaines de films au compteur) prend le temps d’installer petit à petit son thriller psychologique en se concentrant principalement sur son héroïne, excellement interprétée par Gene Tierney. Ce personnage féminin, qui relève d’un cas clinique aigu, est une âme hypersensible à laquelle le spectateur compatit, notamment lors d’une scène poignante de funérailles organisées au sommet d’une montagne.
Désireuse d’un amour pur, Ellen est empêchée d’aimer son époux – et au demeurant de lui faire l’amour -, du fait d’une famille omniprésente, incarnée par le jeune frère handicapé de Richard ainsi que, plus tard, la propre cousine d’Ellen, la douce Ruth (Jeanne Crain).
Plus qu’un film noir, Péché mortel est un brillant thriller psychologique interprété par une Gene Tierney loin de ses rôles de femmes fatales comme dans Les Forbans de la nuit (1950) de Jules Dassin.
Laisser un commentaire