Sur la côte d’Opale, une guerre entre le Bien et le Mal se profile. Alors que le jeune pêcheur Jony (Brandon Vlieghe), protège son fils des mains d’une redoutable amazone (Anamaria Vartolomei), une nouvelle habitante du village, Line (Lyna Khoudri), semble frappée d’étranges maux. Pendant ce temps, deux gendarmes (Bernard Pruvost et Philippe Jore) enquêtent sur les mystérieux phénomènes qui se répètent dans la région.
Bruno Dumont revient sur son territoire de prédilection, les terres du Nord de la France, après une incursion réussie dans le milieu des médias dans France (2021) avec Léa Seydoux. Dans L’Empire, le cinéaste de Ma Loute (2016) revisite les grands mythes de l’Histoire humaine: le Bien, incarné par la Reine (Camille Cottin) face au Mal, en la personne de Belzébuth que Fabrice Luchini, grimaçant à souhait, semble prendre un grand plaisir à interpréter. Ces deux figures ennemies, qui s’affrontent dans l’espace à bord de leurs vaisseaux-cathédrales, ont envoyé en mission sur Terre leurs jeunes soldats respectifs, Jane et Jony. Contre toute attente, les deux missionnaires vont, tels Roméo et Juliette, s’aimer. Où quand le Yin et le Yang se rejoignent…
Dans cette version revisitée du Space Opera, Bruno Dumont – qui ne se prend jamais au sérieux – nous propose une hilarante comédie de science-fiction tournée dans les magnifiques paysages de bords de mer et de dunes qu’il affectionne tant – souvenons-nous de son superbe Jeanne (2019). Sa comédie burlesque et décalée s’intègre étrangement bien dans cette allégorie du combat éternel entre les forces du Bien et du Mal. En installant lentement son décor et ses personnages dans un style très naturaliste, L’Empire, dont les cadres et la photo sont d’une stupéfiante beauté, conclut son récit avec une très réussie guerre intergalactique.
Comme à l’accoutumé, des acteurs non professionnels avec l’accent ch’ti – Brandon Vlieghe et Julien Manier dans le rôle du naïf Rudy – côtoient des professionnels aguerris, Fabrice Luchini en tête. C’est certainement le duo féminin – Lyna Khoudri et Anamaria Vartolomei – qui offrent la palette la plus étonnante de L’Empire: la première est méconnaissable en mutante, la seconde, révélée dans L’Evénement (Audrey Diwan, 2012), dégage une charismatique et très sensuelle présence.
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