Militaire en permission durant la guerre de Corée (1950-1953), Lee (Will Poulter) convainc sa compagne Muriel (Daisy Edgar-Jones) de l’épouser jusqu’à l’arrivée de Julius (Jacob Elordi), le frère de Lee, dans la vie du couple qui bouscule la jeune femme. Si Julius, joueur de poker invétéré, mène sa vie comme bon lui semble, Muriel est irrésistiblement attirée par le jeune homme et son libertarianisme, loin du modèle de l’American way of life dans lequel elle s’enferme.

Tout droit sorti des mélodrames américains de l’après-guerre auxquels il rend un hommage certain, Les IndomptésOn Swift Horses, son titre original – reprend les codes du genre, depuis les plaines enneigées du Kansas jusqu’au soleil de la Californie, dans une originale romance sur fond d’homosexualité. La quête de l’argent et la sexualité y sont abordés, mais dans un mode inversé : le jeu et les paris d’argent permettent une ascension rapide, les amours homosexuels, même difficilement assumés, sont transgressés.

Dans des décors raffinés et des paysages grandioses, ce second long métrage de Daniel Minahan donne la part belle à une jolie troupe de jeunes acteurs, pour beaucoup venus des séries. En premier lieu, l’irrésistible Daisy Edgar-Jones dans un magnifique portrait d’une femme s’autorisant à sortir de la droite ligne qu’on lui trace. On reste conquis par le jeu de cette jeune actrice, découverte dans Normal people (2020) jusque dans ses silences lorsqu’elle est surprise par son mari en train de quitter la maison de sa voisine Sandra (Sasha Calle). Face aux deux femmes, Will Poulter et Jacob Elordi donnent parfaitement le change. Même si ce dernier, découvert dans Oh Canada (Paul Schrader, 2025), surjoue quelque peu son rôle façon James Dean et l’Actors studio – cigarette au bec et déhanchement viril.

Sensuel et hypnotique, porté par une superbe bande originale, Les Indomptés surfe efficacement sur l’âge d’or du cinéma hollywoodien, vintage et rebelle, tout en y intégrant des thématiques dans l’air du temps comme la liberté sexuelle. Si elles étaient tout de même abordées ou suggérées dans les grands classiques hollywoodiens, elles sont ici montrées par le cinéaste et magnifiquement défendues par ses acteurs. Le scénario, qui s’étire trop, méritait que le récit se concentre sur le rôle de Daisy Edgar-Jones…